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Hongrie: Victor Orban s’en prend à l’étoile rouge, logo de Heineken

Jusqu’où peut-aller le nationalisme du Premier ministre hongrois Victor Orban? La marque de bière Heineken est jugée «anti-hongroise» pour un contentieux commercial avec un brasseur local. Elle pourrait bientôt être interdite en Hongrie pour usage de l’étoile rouge, «symbole de tyrannie.»
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min

L’histoire débute chez le voisin roumain, et plus précisément en «terre des Sicules», la communauté hongroise de Transylvanie. Cela commence par un contentieux commercial comme il y en a des milliers dans le monde. En l’occurrence, le géant néerlandais de la bière, Heineken, poursuit devant les tribunaux un brasseur local pour l’usage d’un nom de marque trop ressemblant à l’un de ses produits.
 
Heineken obtient, début 2017, d'un tribunal roumain que le nom «Csiki» soit interdit pour cette bière locale, car il ressemble trop, selon la justice, à la marque «Ciuc» vendue par Heineken en Roumanie depuis 2003.
 
Jusque là rien que de très banal, sauf que la politique va s’en mêler, jusqu’au sommet de l’Etat hongrois. Janos Lazar, le chef de cabinet du Premier ministre Victor Orban, s’offusque de cette décision en pleine conférence de presse. Il qualifie l’attitude du brasseur néerlandais d’«injuste, indigne et anti-hongroise». Le mot est lâché, le sacro-saint nationalisme du parti au pouvoir en Hongrie refait surface. Orban, depuis son arrivée au pouvoir en 2010, ne cesse de flatter le sentiment identitaire des minorités hongroises, qu’elles vivent en Roumanie mais aussi en Croatie, Slovaquie, Serbie…
 
Retour donc au pays des Sicules, soit quelque 1,2 million d’habitants, la plus importante minorité de Roumanie. Pour le Jobbik, le parti d'extrême-droite hongrois, l’affront est de taille. Il appelle au boycott de la marque néerlandaise. Un appel relayé par Janos Lazar et le cabinet d’Orban, et par tout ce que la Hongrie compte de nationalistes. Même le festival hongrois de musique métal, RockMaraton, refuse de vendre une bière locale appartenant au groupe Heineken.
Quant au petit brasseur roumain de la «Csiki», il a décidé de porter l’affaire devant la justice européenne.
 
Etoile rouge
Curieusement, une nouvelle affaire fait rebondir la guéguerre menée par le pouvoir hongrois. Une nouvelle fois Heineken est une cible. C’est le site RT qui s’en fait l’écho. Le parlement hongrois vient de commencer la discussion d’une nouvelle loi qui, si elle est adoptée, punirait l’usage de signes considérés comme «des symboles du totalitarisme». Croix fléchées, croix gammées, la faucille et le marteau ou l’étoile rouge. Le gouvernement Orban met en avant son devoir moral de lutter contre l’usage commercial de ces emblèmes.
 
Est-ce un pur hasard, ou une stratégie de harcèlement bien étudiée? Il se trouve que le logo de Heineken est une étoile rouge à cinq branches (Sanpellegrino également). Selon Reuters, Zoltan Kovacs, le porte-parole du gouvernement n’a pas laissé planer le doute. Si la loi est adoptée, la bière Heineken au logo à l’étoile rouge serait interdite en Hongrie.
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