Espagne : des milliers de manifestants derrière le juge Garzon
"Les Fascistes, hors des tribunaux ! ", scandaient les dizaines de milliers de Madrilènes qui ont défilé dans le centre de la capitale espagnole jusqu’à la Puerta del Sol. Certains brandissaient des drapeaux espagnols, et des photos en noir et blanc de personnes disparues sous Franco, dont les proches réclament toujours les corps. En tête de cortège : des hommes politiques de gauche, des artistes, des parents de victimes du franquisme et des associations pour la mémoire historique.
La manifestation s’est achevée par la lecture d’un manifeste proclamant que "les crimes contre l’humanité ne peuvent être amnistiés et sont imprescriptibles". Le texte a été lu par le cinéaste Pedro Almodovar, l’écrivain Almudena Grandes et le poète communiste Marcos Ana.
Loi d’amnistie générale
C’est justement ce que le Tribunal suprême reproche au juge Garzon. D’enfreindre "sciemment" la loi en allant remuer le passer, en enquêtant sur les disparus de la Guerre civile et de la répression franquiste. Une première en Espagne. Seulement, tous ces faits sont prescrits par la loi d’amnistie votée en 1977, deux ans après la mort du général Franco.
La mise en accusation du juge Garzon, qui risque 20 ans de radiation professionnelle, choque profondément les milieux de gauche et les associations de victimes du franquisme. Le magistrat emblématique a reçu le soutien de nombreux juristes dans le monde, lesquels estiment que les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles, et que la loi d’amnistie espagnole n’est pas conforme au droit international.
A deux pas de la manifestation madrilène, plusieurs dizaines de militants de la Phalange (extrême droite), dont l'une des branches a porté plainte contre le juge Garzon, ont organisé une modeste contre-manifestation près du Tribunal suprême. Assumant pleinement leur histoire franquiste, les militants de la Phalange réclament "qu'on juge les crimes du marxisme !".
Gilles Halais, avec agences
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