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En Europe, éducation ne rime pas avec emploi pour les réfugiés syriens

Les Danois veulent saisir les biens des réfugiés, notamment syriens, qui arrivent chez eux. A l'instar de tous les réfugiés, ils n'emportent pas grand chose en fuyant leur pays. Leur bien le plus précieux aujourd'hui en Europe semble être leur niveau d'éducation. Souvent élevé, il ne constitue pas pour autant une garantie pour trouver rapidement un emploi dans leur pays d'accueil.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Mosaïque des professions des réfugiés syriens issue d'une enquête du HCR publiée en décembre 2015 sur les réfugiés syriens arrivés en Grèce entre avril et septembre 2015
 (HCR)

Les Danois envisagent de confisquer les biens des migrants qui franchissent les frontières de leur pays (objets et liquidités dont la valeur excède 10.000 couronnes, environ 1340 euros, seront saisis). Le projet de loi, qui s'inscrit dans le cadre d'une nouvelle réforme des conditions d'accueil des réfugiés, sera soumis au vote des députés le 26 janvier 2016.

«Les réfugiés ont perdu leur logement et presque tout ce qu'ils possèdent. Les déposséder du peu qu'ils sont parvenus à sauver dépasse l'entendement», a confié à l'AFP William Spindler, porte-parole de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). D'autant que le désir de participer à la vie économique de leur pays d'accueil pour se reconstruire apparaît comme une priorité pour les réfugiés.

Les opportunités d'emploi (57%) et l'assistance apportée aux réfugiés (53%) justifient leur choix de destination en Europe, selon une enquête du HCR dont les résultats ont été publiés début décembre 2015. Selon cette étude qui a été réalisée auprès de 1.245 réfugiés syriens, environ 50% des personnes interrogées ont indiqué qu’elles voulaient demander l’asile en Allemagne, 13% en Suède et 5% au Danemark. Les Syriens constituent le plus important contingent de réfugiés que le Vieux Continent a accueilli en 2015.

Au minimum, une formation post-universitaire
Comme en Allemagne (le pays qui en accueille le plus dans l'Union), ils représentent la moitié des refugiés reçus par le Danemark entre juillet 2014 et juin 2015 (7.460 sur 15.079), rapporte The Copenhagen Post. Par ailleurs, poursuit le journal danois, le pays est celui qui a reçu le plus grand nombre de demandeurs d’asile syriens par rapport à sa population. En comparaison, la proportion en Europe est de 20% sur la même période. 

«Parmi les personnes interrogées (par le HCR), 86% ont un niveau d'études élevé (secondaire ou universitaire)», a indiqué début décembre la porte-parole du HCR Melissa Fleming. «Les groupes les plus importants sont composés d'étudiants et de professionnels, dont des enseignants, des avocats, des médecins, des boulangers, des designers, des coiffeurs et des informaticiens.» 

Ainsi, 16% des personnes interrogées ont affirmé qu’elles étaient étudiantes. Les autres ont déjà embrassé la vie active : 9% sont des commerçants ou travaillent dans le commerce, 8% dans le secteur privé, 7% exercent des professions techniques (charpentiers, électriciens...), 5% sont des ingénieurs ou des architectes, 5% des enseignants, 4% ont des professions médicales (pharmaciens, médecins, chimistes ou vétérinaires) et 4% sont des ouvriers.

Nombreuses barrières à l'emploi
Les enquêtes menées dans plusieurs pays d'accueil européens font écho aux résultats de l'enquête du HCR. Selon Spiegel Online, l'Office allemand pour la migration et les réfugiés a ainsi constaté que les Syriens jouissent d'un niveau de formation plus élevé que ceux provenant d'autres pays : «environ un tiers a étudié à l'université ou dans une école supérieure. Cependant, un sur cinq n'a été qu'à l'école primaire, ou n'a jamais été à l'école».

Une étude menée par l’agence autrichienne pour l’emploi (AMS) arrive également à des conclusions similaires. Selon le site d'informations The Local Austria, l’organisme autrichien a effectué son enquête auprès de 900 réfugiés entre août et mi-décembre 2015. Les réfugiés iraniens et syriens ont généralement un diplôme universitaire. Ainsi, environ 90% des Iraniens ont une formation post-baccalauréat. Chez les Syriens, le taux avoisine les 70%. 

Ce bon niveau d'éducation n'est cependant pas suffisant pour ouvrir les portes du marché de l'emploi aux réfugiés syriens. Selon le responsable de l'AMS Johannes Kopf, la langue, l'absence d'un réseau qui leur permette de trouver un emploi et du traumatisme qu'ils sont vécu sont autant d'obstacles en Autriche. Situation similaire au Danemark. D'après les agences pour l’emploi danoises, indique The Copenhagen Post, seulement 5 à 10% des réfugiés syriens qui arrivent au Danemark ont la formation et la qualification pour être employés immédiatement.

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