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Dublin a dévoilé mercredi un plan de rigueur de 15 milliards d'euros échelonné sur quatre ans

Présenté comme préalable à l'octroi d'une aide de l'UE et du FMI, ce plan vise à diviser par dix un déficit public astronomique, d'ici à 2014. L'objectif étant de ramener le déficit irlandais à 3% du PIB, comme l'exige l'UE.L'Irlande a décidé de maintenir son taux d'imposition des sociétés à 12,5%, refusant de céder aux demandes de Paris ou Berlin.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Brian Cowen, le Premier ministre irlandais (à gauche) 22 novembre 2010 (AFP/PETER MUHLY)

Présenté comme préalable à l'octroi d'une aide de l'UE et du FMI, ce plan vise à diviser par dix un déficit public astronomique, d'ici à 2014. L'objectif étant de ramener le déficit irlandais à 3% du PIB, comme l'exige l'UE.

L'Irlande a décidé de maintenir son taux d'imposition des sociétés à 12,5%, refusant de céder aux demandes de Paris ou Berlin.

Le taux irlandais de l'impôt sur les bénéfices des sociétés est un des plus bas en Europe, la moyenne dans la zone euro étant de 25,7%. Celui de la France est de plus de 33%, celui de l'Allemagne de près de 30%.

Le Premier ministre Brian Cowen avait assuré que ce point n'était "pas négociable" car son relèvement est susceptible de faire partir du pays les nombreuses multinationales qui s'y sont installées en raison de sa fiscalité avantageuse.

Nouveau plan de rigueur
Ce programme d'austérité budgétaire prévoit : une réduction de l'assurance sociale de 14% (et notamment des allocations chômage et familiales); une hausse du quart des frais d'inscription à l'université; suppression de près de 8% des emplois publics (soit 25.000); une réduction de 10% du salaire des nouveaux fonctionnaires, et de 6 à 12% des retraites des anciens...

Le salaire horaire minimum sera abaissé de 12%, passant de 8,65 à 7,65 euros et le taux de TVA porté graduellement de 21% à 23% en 2014.

"Il ne s'agit pas seulement de coupes et de hausses d'impôts mais également d'améliorer notre économie", a assuré le Premier ministre Brian Cowen, promettant "croissance et emplois".

Le déficit public irlandais s'est envolé à 32% du PIB cette année, en raison des quelque 50 milliards d'euros que l'Irlande a dû injecter dans ses banques afin de leur éviter la faillite.

Ce plan constitue un préalable incontournable à l'octroi d'une aide de l'Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI), en cours de mise au point. L'aide "sera autour de ", a déclaré mercredi le ministre français du Budget, François Baroin. C'est "20.000 euros" par Irlandais, a calculé l'Irish Sun.

L'aide est conditionnée à "des mesures à prendre pour que le pays revienne sur le chemin de la stabilisation" de ses finances publiques, a déclaré mercredi la chancelière allemande Angela Merkel.

Attac y voit surtout un plan pour sauver les banques étrangères
Pour l'Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne (Attac), ce sont les actionnaires des banques irlandaises et européennes qui doivent payer le prix de leurs erreurs, pas les salariés et contribuables. "Pour éponger leurs pertes, la BNP, la Société Générale, Deutsche Bank, HSBC... doivent immédiatement geler tout versement de dividendes", demande l'Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne (Attac).

4e plan de rigueur, mécontentement de la population
L'ampleur de l'austérité est cependant redoutée par les quelque 4,3 millions d'Irlandais qui ont déjà subi trois plans de rigueur depuis le début de la sévère récession qui a frappé l'ancien "tigre celtique" en 2008.

Le nouveau train de mesures prévoit 10 milliards d'économies et 5 milliards de taxations.

"La vie va devenir insupportable", a estimé Eamon Devoy. Des "désordres sociaux" sont à prévoir, assure ce responsable du TEEU, un des principaux syndicats du pays qui appellent à une manifestation massive samedi.

Ces organisations comptent sur un mouvement du type de celui qui secoue le Portugal, paralysé mercredi par une grève générale contre des réductions de salaires et des hausses d'impôts.

En Irlande, le vif mécontentement contre la rigueur se double de "l'humiliation" ressentie par la population face à l'appel à l'aide extérieure pour secourir l'île. Mercredi matin, le ministre des Transports, Noel Dempsey, a découvert un immense "Traîtres" barrant en lettres rouges la façade de sa permanence locale.

L'ampleur de l'austérité fait de plus craindre pour l'économie irlandaise. "Le plan va tuer le peu de chances de reprise en Irlande", juge l'économiste David McWilliams dans une tribune publiée par l'Irish Independent.

Vote du budget de rigueur le 7 décembre
La crise financière se double d'une crise politique : le Premier ministre Brian Cowen, confronté au risque d'implosion de la coalition qu'il dirige, a été contraint lundi d'annoncer des élections anticipées pour l'année prochaine. Il espère ainsi bénéficier du sursis nécessaire pour permettre le vote du budget de rigueur qui sera présenté au Parlement à partir du 7 décembre. L'opposition continue cependant à appeler à sa démission.

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