Désintox. Le passage à l'euro n'explique pas l'appauvrissement de la France

Pour arriver à ces résultats, le CEP a comparé, entre 1996 et 2017, chaque pays de la zone euro à un pays fictif qui lui ressemblerait, constitué de plusieurs morceaux d’économies de pays hors de la zone euro. Si la différence est favorable au pays fictif, les chercheurs parlent de « perte de prospérité », ce qui voudrait dire que l’euro a nui au pays comparé.

Premier problème de cette méthodologie, selon un professeur d’économie contacté par Désintox : les auteurs de l’étude se privent de comparer entre eux les pays qui ont adopté l’euro. Deuxièmement, l'économie française est comparée à une économie fictive, composée à 44,6% de Royaume-Uni et à 55,4 % d’Australie. Un choix qui étonne un autre chercheur : l’Australie est depuis plusieurs années devenue la productrice de matières premières pour la Chine, s’appuyant donc sur sa croissance. L’étude revient à dire que le problème de l’euro pour la France, c’est de n’avoir pas vendu de charbon…

A l’inverse, on ne peut pas expliquer le succès de l’Allemagne, qui s’en sort bien selon l’étude, que grâce à l’euro. Berlin a aussi su profiter, mieux que la France, de la croissance chinoise. Monnaie unique ou pas. En somme, la méthodologie permet de constater des écarts, mais ne peut pas les expliquer. Pour un troisième universitaire contacté par Désintox, l’étude « ne passerait pas le cap du comité de lecture d’une revue scientifique, même très ouverte aux idées libérales. » Ce qui ne l’a pas empêchée d’être abondamment relayée par plusieurs médias.

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