Des enquêteurs allemands sur le site du massacre d'Oradour-sur-Glane
C'est un symbole
fort. Des enquêteurs allemands sont venus ce mardi à Oradour-sur-Glane pour
enquêter sur le massacre de 642 civils par un régiment de SS le 10 juin 1944. Parmi les victimes, 400 femmes et enfants
avaient été tués après avoir été rassemblés dans l'église. Six habitants
seulement avaient survécu.
Ce massacre a déjà
fait l'objet de plusieurs enquêtes en ex-Allemagne de l'Ouest. Toutes avaient
été classées sans suite faute de preuve. Mais le dossier a été rouvert fin 2010,
lorsque des documents de l'ex-RDA ont convaincu la justice de reprendre les
investigations. Six suspects âgés d'environ 86-87 ans pourraient être jugés. Ils
faisaient partie du régiment Der Führer de la division blindée SS Das Reich qui
s'est rendue coupable de ce massacre de civils, le plus grand en France.
"Voir ce que pouvaient voir les soldats"
Les enquêteurs allemands sont entrés dans le
village pour chercher des éléments de preuve. Selon le procureur de Dortmund,
Andreas Brendel, il s'agit de " voir à Oradour où étaient déployées
les différentes unités... D'ici, tel soldat pouvait voir ceci ou cela... d'ici
il pouvait savoir ce qui se passait dans le village. Et bien sûr plus tard
écouter de nouveaux témoins " .
Le procureur allemand s'est en revanche
montré relativement pessimiste sur l'hypothèse de voir les derniers suspects
jugés. Trois d'entre eux ne peuvent plus être poursuivis en raison de leur état
de santé.
Faire la lumière sur les exactions
Reste quoiqu'il arrive la force du geste. Selon plusieurs
historiens et responsables d'associations, c'est "la première fois que les
autorités judiciaires allemandes se déplacent à Oradour ", * souligne ainsi
Guy Perlier, historien limousin spécialiste de la déportation. C'est, selon
lui, " révélateur
d'un état d'esprit allemand qui tient absolument à faire la lumière sur toutes
les exactions commises par l'armée allemande pendant cette période " .*
Robert Hebras, un des survivants d'Oradour, est lui " satisfait qu'on s'occupe encore d'Oradour. C'est pour le symbole mais ça arrive bien tard. Si on retrouve des responsables, ce sont des vieillards comme moi et je suis persuadé qu'ils ne se souviendront de rien " .
Ce massacre avait donné
lieu à un procès en France en 1953. Le tribunal militaire de Bordeaux avait
jugé 21 soldats pour leur participation présumée au massacre, dont 14 Français
d'Alsace enrôlés de force dans l'armée allemande et sept allemands. Des
condamnations à mort furent prononcées, puis commuées. Les Français furent
amnistiés au nom de la réconciliation nationale.
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