Délicate balade irlandaise pour Sarkozy
"Les Irlandais devront revoter" : cette phrase prononcée mardi dernier par le chef de l'Etat devant des parlementaires, qui l'ont rapportée, a déplu aux Irlandais, cinq semaines après leur large "non" (53,4%) au traité de Lisbonne. La "visite d'écoute" en Irlande de Nicolas Sarkozy, président en exercice du Conseil européen, risque donc de se transformer en opération de séduction et en séance d'explication avec le Premier ministre irlandais, Brian Cowen.
Pour apaiser la "colère froide" de Dublin, selon l'expression de l'Irish Times, ministres et conseillers élyséens s'évertuent à minimiser les propos présidentiels. Nicolas Sarkozy lui-même a tenté de calmer le jeu en accordant hier un entretien au quotidien irlandais. Il y précise se rendre à Dublin "pour écouter et comprendre" les raisons du rejet du traité de Lisbonne et pour trouver les moyens "d'apporter les véritables réponses aux inquiétudes des Irlandais".
Au cours de cette visite de quelques heures en Eire, le président français aura un entretien en tête-à-tête puis un déjeuner de travail avec Brian Cowen. Il rencontrera ensuite des représentants de la société irlandaise : dirigeants politiques ayant appelé à voter "oui" ou "non", représentants du patronat, des syndicats, des agriculteurs, des jeunes...
L'opposition travailliste, qui avait pourtant appelé à voter "oui" au référendum, a refusé de le rencontrer. "L'idée selon laquelle le président Sarkozy pourrait venir en Irlande et nous persuader de changer d'avis, ou d'écouter ce que nous avons à dire en donnant à chacun d'entre nous trois minutes comporte un peu d'arrogance", a déclaré vendredi le leader travailliste Eamon Gilmore.
Anne Jocteur Monrozier
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