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Début de l'Eurogroupe sur Chypre : quels enjeux ?

Tout se joue à Bruxelles. Le président chypriote a rencontré dimanche les dirigeants européens, puis l'Eurogroupe a entamé sa réunion avec quatre heures de retard. L'Europe est suspendu aux négociations que l'on dit cruciales pour l'avenir de l'île et de la zone euro. Le président chypriote a mis sa démission sur la table.
Article rédigé par Cécile Quéguiner
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Yannis Behrakis Reuters)

Quel est l'objectif de cette réunion de l'Eurogroupe à Bruxelles ?

Les ministres des Finances de l'Eurogroupe se retrouvent à Bruxelles pour conclure un accord avec Chypre et définir un plan de sauvetage. La réunion initialement prévue à 18h dimanche a pris du retard, les discussions se poursuivant en amont, elle a finalement débuté vers 22h.

Les Chypriotes doivent présenter un plan d'économie drastique, un "plan B" puisque le premier plan envisagé il y a une semaine a été rejeté. Ses grandes lignes ont déjà été définies, -la réforme du système bancaire chypriote aura bien lieu- mais certaines mesures tardent à prendre forme. 

Or, la zone euro s'impatiente. Le plan chypriote doit rapporter 7 milliards d'euros. Et dans ces seules conditions, le plan de sauvetage européen doit ajouter une aide de 10 milliards supplémentaires. 17 milliards, c'est ce qu'exige la Banque centrale européenne pour continuer à approvisionner en liquidités les banques chypriotes et ainsi les maintenir à flots. C'est elle, la BCE, qui a fixé la date limite pour cet accord à ce lundi. 

Pour Pierre Moscovici, le ministre français de l'Économie, il faut en finir avec l'"économie-casino " à Chypre. "Sinon, c'est vous, c'est moi, c'est nous qui allons payer la facture ", a-t-il déclaré sur Canal+. Dimanche soir à Bruxelles, le ministre a néanmoins indiqué que la situation financière de Chypre ne présentait pas de risque de contagion à d'autres pays.

Quelles sont les derniers points d'achoppement ?

Le sort des deux principales banques chypriotes : Bank of Cyprus et Popular (ou Laika) Bank. Vont-elles disparaître, fusionner, se transformer ? Selon les infiormations de la presse chypriote, la première devrait être sauvée coûte que coûte, mais la seconde pourrait être démantelée. Refusant l'idée de fermer ces banques, le président chypriote Nicos Anastasiades a prévenu dimanche soir les bailleurs de fonds internationaux qu'il pourrait être contraint à démissionner.

La taxation des dépôts bancaires : prévue il y a une semaine sur tous les dépôts, elle ne concernerait plus que les gros comptes de plus de 100.000 euros. Mais quel sera le niveau de taxation : on parle de 20% pour ces comptes déposés à la Bank of Cyprus, et seulement 5% sans les autres. Enfin, dernière interrogation : les comptes des non-résidents (en l'occurrence ceux des Russes) seront-ils prélevés ? 

Pourquoi les banques chypriotes sont-elles fermées depuis 8 jours ? 

Pour éviter, devant les risques de banqueroute du pays, de voir fuir les capitaux vers l'étranger. Outre les banques fermées d'ailleurs, les virements par internet sont aussi bloqués. C'est inédit : même en Argentine, frappée par la crise financière, les banques n'étaient restées fermées que quatre jours.

Tout se paye donc en liquide. Les particuliers sont obligés de multiplier les retraits aux distributeurs automatiques. La consommation est au ralenti. Une situation qui pourrait devenir rapidement intenable, si les banques ne rouvrent pas comme prévu mardi. La police évoque même un risque de voir se multiplier la petite délinquance, étant donné la circulation exceptionnelle d'espèces ces jours-ci. 

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