Cet article date de plus de dix ans.

Débats houleux autour de la circoncision, en question au Conseil de l'Europe

Imams et rabbins invoquent la liberté de religion, tandis que certains médecins et responsables politiques dénoncent une atteinte à l'intégrité physique des petits garçons.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un nouveau-né tout juste circoncis est béni lors d'une cérémonie dans une synagogue de Ganei Tal, dans la bande de Gaza, le 4 mai 2005. (DAVID FURST / AFP)

La circoncision des petits garçons pour des motifs religieux est-elle une violation du "droit des enfants à l'intégrité physique", au même titre que les mutilations génitales féminines ? Cette question a donné lieu à un face-à-face tendu entre représentants juifs et musulmans d'une part et défenseurs de "l'intégrité physique des enfants" d'autre part, mardi 28 janvier au Conseil de l'Europe à Strasbourg (la vidéo de l'audition est visible ici).

La Commission des questions sociales et de la santé de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) avait souhaité réentendre la rapporteure d'une résolution controversée adoptée le 1er octobre dernier par l'APCE, la sociale-démocrate allemande Marlene Rupprecht. La résolution comparait circoncision et mutilations génitales féminines. L'audition, à laquelle ont également pris part des experts médicaux, a été marquée par des échanges parfois houleux.

Rabbins et imams invoquent la liberté de religion

Marlene Rupprecht a défendu le vote de l'APCE, arguant que l'organisation européenne - qui réunit 47 Etats et 800 millions d'habitants - avait pris ses "précautions" et formulé avec "prudence" le texte de la résolution en question. De leur côté, deux urologues, un Français et un Turc, ont défendu les bénéfices de cet acte médical qui réduirait notamment les risques d'infection. A l'inverse, le président de la Fédération des pédiatres allemands, Wolfram Hartmann, a insisté sur "la douleur ressentie" par les enfants après l'opération.

Enfin, plusieurs rabbins et imams ont défendu le droit de perpétuer cette coutume en invoquant la "liberté de religion", garantie par la Convention européenne des droits de l'homme. Un représentant de la Conférence des rabbins européens (CER) a souligné que l'Allemagne avait récemment "légalisé" cette pratique, dans un cadre médical professionnel.

Un documentaire polémique

Avant l'audition des experts, la commission avait fait projeter un documentaire réalisé par un juif britannique, Victor Schonfeld, extrêmement critique à l'égard de la circoncision rituelle, dénonçant les risques de complications médicales graves pour l'enfant. Ce documentaire intitulé C'est un garçon ! (It's a boy!) montre de rares images d'une circoncision réalisée sur un nourrisson. Il avait déclenché une vive polémique lors de sa diffusion, et son auteur s'était attiré les foudres de rabbins britanniques.

En réponse à ce film à charge, la Knesset, le Parlement israélien, qui jouit d'un statut d'observateur au Conseil de l'Europe, avait obtenu de faire diffuser un documentaire officiel défendant cette pratique, réalisé en urgence après le vote de l'APCE. "Le débat est lancé. Il faut à présent qu'il se poursuive", s'est félicité à l'issue des débats le rabbin Moshe Lewin, directeur du CER.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.