De violents accrochages ont opposé jeudi à Londres policiers et étudiants pendant plusieurs heures
Dans le même temps, les députés votaient avec une majorité réduite un projet de loi sur l'augmentation des droits universitaires (de 3000 à 6000, voire 9000 livres). Un projet qui a mis à mal la coalition au pouvoir depuis huit mois.
22 manifestants et neuf policiers ont été blessés, dont plusieurs
sérieusement, selon un dernier bilan de la police.
Un journaliste de la BBC casqué
15 personnes ont par ailleurs été interpellées, dont deux pour agression sur des policiers, selon la même source.
La situation dans le centre de Londres n'était toujours pas sous
contrôle en début de soirée. Les manifestants ont allumé des feux
en divers endroits de la capitale britannique, selon des images de télévision.
Lors de la manifestation, qui a rassemblé des milliers de personnes, des étudiants ont tenté à plusieurs reprises de repousser un cordon de police à proximité du Parlement, où était débattu le projet de loi. Des policiers ont répondu en frappant plusieurs manifestants à coups de matraque, a rapporté un journaliste de l'Agence France Presse.
Des protestataires ont bombardé de projectiles, dont des pierres et des bâtons, les policiers en tenue anti-émeutes. En début de soirée, une fois le projet de loi adopté, un groupe a cassé, avec des pierres et des barres, des vitres blindées du ministère des Finances, en tentant en vain d'entrer dans le bâtiment. D'autres manifestants s'en sont pris à la voiture transportant le prince Charles et son épouse Camilla Parker-Bowles. Ces derniers n'ont pas été blessés.
Au plus fort de la mêlée, un reporter de la télévision publique BBC couvrant les incidents en direct est apparu à l'antenne coiffé d'un casque.
Les policiers avaient mis en garde contre une répétition des violences survenues en marge de précédentes protestations estudiantines. Mi-novembre, la première manifestation contre le projet de loi avait dégénéré: un groupe avait alors saccagé l'immeuble abritant le quartier général du parti conservateur au pouvoir.
"Augmenter les droits d'entrée à l'université ne fait que créer de graves divisions sociales", estimait jeudi une manifestante.
Le projet de loi voté
Au terme de débats mouvementés, les députés britanniques ont porté d'ici 2012 le plafond des droits universitaires en Angleterre de 3290 livres (3919 euros) par an à 6000 livres (7147 euros), et dans des "circonstances exceptionnelles" à 9000 livres (10.719 euros).
Le projet de loi a été adopté avec seulement 323 voix pour, 302 députés s'y opposant. La majorité du gouvernement de coalition, qui est d'habitude d'au moins 83 députés, a été réduite à 21. 27 députés de la coalition ont voté contre et une poignée d'autres se sont abstenus. Ce projet a provoqué de profondes divisions au sein du gouvernement et plus particulièrement au sein des libéraux-démocrates, partenaires clés des conservateurs dans le cabinet.
Pendant la campagne des législatives en mai, les "lib dem" s'étaient engagés à ne pas augmenter les frais d'inscription à l'université. Le vice-Premier ministre libéral-démocrate, Nick Clegg, justifie la hausse des droits universitaires en raison de l'actuelle cure d'austérité.
Pour les observateurs, ces violentes manifestations témoignent de la difficulté qu'aura le gouvernement à faire passer ses mesures d'austérité. La majorité obtenue par le gouvernement pour le vote du texte "est plus courte que ce qu'on aurait pu croire il y a quelques semaines", analyse Philip Cowley, professeur de sciences politiques à l'université de Nottingham. "Ce n'est pas la première révolte (parlementaire), et certainement pas la dernière", ajoute-t-il.
Vers un élargissement du mouvement ?
Les manifestants, essentiellement des étudiants, ont été rejoints jeudi par des membres d'autres syndicats et des militants de diverses organisations qui entendaient élargir la contestation à l'austérité décrétée par le gouvernement.
"Il est temps que l'ensemble du mouvement syndical unisse ses forces", a déclaré le secrétaire général du syndicat des transports RMT, Bob Crow.
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