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De l'influence de l'eurodéputé francais
La Fondation Schuman scrute depuis longtemps le fonctionnement des eurodéputés français et leur influence politique et législative. Une nouvelle étude vient de paraître. Et déjà dans le petit Landerneau des parlementaires français, on en parle. Car l'étude étude coïncide avec les discussions de marchands de tapis qui sont une des spécialités françaises au moment de la constitution des listes.
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Cette analyse signée Thierry Chopin et Anouk Richard est partie d’un constat. Au-delà des résultats des élections qui permettent ou non à une délégation nationale d’être nombreuse et puissante au sein d’un groupe politique, c’est aussi la valeur des hommes et des femmes qui définit l’influence d’un groupe sur la vie du Parlement. Et cela à trois niveaux: Leur degré d’expérience, leur disponibilité, leur envie de s’impliquer. Revue de détail de ces trois éléments en comparaison avec d’autres grands pays.
L’expérience
Vieil adage qui court dans les couloirs du Parlement. L’idéal serait 3 mandats pour chaque parlementaire européen. Le premier pour apprendre, le second pour être vraiment efficace, le troisième pour transmettre. Et bien côte français, on est loin du compte. Entre les jeunes qui poussent, les vieux qu’il faut recaser, cet élément de stabilité n’est pas pris en compte en France. En moyenne, et comparés par exemple à l’Allemagne ou au Royaume-Uni, les élus français exercent moins de mandats au Parlement européen. Or pour exercer des postes stratégiques, signer des rapports importants, il faut de la bouteille ! Etant moins présent sur la durée, le député européen français aura moins l’occasion d’exercer une influence importante.
La disponibilité.
Le travail d’eurodéputé est un vrai travail souvent technique et chronophage Il faut travailler avec les collègues de 27 autres pays, partager son travail au-delà des clivages politiques classiques, et voyager beaucoup. Pour que son travail soit efficace, il lui faut donc être disponible. Voilà qui parait incompatible avec d’autres fonctions. Là aussi, maladie française, on cumule volontiers mandat européen et mandat national quand on ne dirige pas en même temps à Paris un parti politique comme le fait le socialiste Harlem Désir. Il sera pourtant à nouveau tête de liste. Et les différences de mode de fonctionnement entre les Etats sont souvent énormes. Exemple, au Royaume-Uni le taux de cumul est de 4,1% contre 40,5% en France. Néanmoins, ce taux est assez fortement en baisse chez nous.
La motivation
Attention à la fin de carrière, aux anciens ministres à ceux ou celles que l’on veut éloigner de Paris. Et ne soyons pas trop cruel à l’égard de ceux qui lancent des messages désespérés du style « je m’emm…à Strasbourg ! « Alors bien-sûr, et les auteurs de l’étude le souligne, dans ces jugements, il y a de fortes notions de subjectivité. Et certains, même recasés, ont fait du bon boulot une fois arrivés dans ce Parlement européen. Il n’empêche, un chiffre bien français fait à nouveau tiquer. Le taux de démission des eurodéputés français, 18% de français pour la période 2009/2014, 4% d’allemands. Ah, l’irrésistible attrait de la politique nationale ! Nous avons des ministres ex-députées européens, d’anciens parlementaires européens devenus via les législatives, député national. Certains, dit-on, le regretterait…
Et maintenant
A la lecture, cette étude n’est tout de même pas catastrophique. Des progrès ont été accomplis par les français, ils demandent à être confirmés. Aux anciens ministres, femmes et hommes politiques, aux nouveaux, anciens syndicalistes, ou issus de la haute-administration politique de transformer l’essai. Et de ressembler au portrait robot du bon député européen, tel que le définissait l’ancien président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer…Qui n’a jamais siégé à Strasbourg ! « Le député européen de 2014 devra être une personnalité compétente, reconnue, bilingue, influente et assidue au Parlement. »
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