Crise : l'Europe renonce à l'équilibre budgétaire en 2010
Avril 2007. Portés par une conjoncture encourageante et des lendemains qui avaient l'air de vouloir chanter un peu, les dirigeants européens décident de se fixer un objectif à faire fantasmer plus d'un ministre des Finances : le retour à l'équilibre des comptes publics dans les 15 pays de la zone Euro en 2010 au plus tard.
_ Il aura fallu un été, celui qui vient de s'écouler, pour que les vents d'ouest apportent la crise des Etats-Unis et l'installent sur l'Europe. Hier soir, les ministres de l'Eurogroupe (nom de l'assemblée mensuelle des ministres de l'Economie et des Finances des 15 pays de la zone Euro), ont officiellement enterré l'objectif 2010.
Une décision justifiée par la dégradation de plus en plus marquée du paysage économique européen : croissances proches du zéro, hausse du chômage, dérapage des déficits. La Commission européenne estime d'ors et déjà que les 15 pays de la zone Euro sont entrés en récession, avec deux trimestres consécutifs de recul du produit intérieur brut (PIB). C'est la première fois depuis la mise en circulation de la monnaie unique.
_ La croissance 2008 devrait tout de même rester légèrement dans le vert (1,2% pour la zone Euro), mais 2009 s'annonce sous de mauvais augures, et pour toute l'année : “Nous allons avoir une année très problématique”, s'est inquiété le ministre allemand des finances, Peer Steinbrück.
Pacte de stabilité plus souple
Allemagne, France, Royaume-Uni, Espagne, Italie. Toutes les grandes économies de la zone entament un mouvement de recul qui risque de se traduire par deux millions de chômeurs en plus sur l'ensemble de la zone.
Les déficits se creusent déjà, notamment en France, où le sacro-saint dogme de la limitation des déficits publics à 3% du PIB, pierre angulaire du pacte de stabilité, sera caduque dès 2009. Six autres pays sont dans le même cas. Bruxelles a donc décidé de faire preuve de souplesse dans l'application du pacte de stabilité. Normalement, le pays qui ne le respecte pas s'expose à des sanctions.
La France avait déjà demandé à repousser l'objectif 2010 à 2012. Mais à présent, même ce délai paraît difficile à tenir. Le président de l'Eurogroupe, le luxembourgeois Jean-Claude Juncker, en bon gardien du temple, ne renonce pas à son objectif : “Il doit à présent être atteint au cas par cas par les Etats membres à des dates que nous devons repousser dans le temps”.
En attendant, l'Eurogroupe a un autre programme. Les ministres des finances comptent phosphorer sur des mesures ciblées pour relancer l'économie européenne, en attendant le sommet mondial de vendredi, doit devrait sortir - promet-on - un nouveau capitalisme, à visage humain.
Grégoire lecalot, avec agences
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