Crash de Lech Kaczynski : le rapport russe qui enflamme la Pologne
“C'est un camouflet pour la Pologne !” C'est par ces mots que Jaroslaw Kaczynski, le frère jumeau du président défunt Lech Kaczynski, a accueilli les conclusions officielles de l'enquête russe sur le crash de l'avion présidentiel, à Smolensk, le 10 avril dernier. “Le rapport rend responsables les pilotes et la Pologne, de manière unilatérale et sans preuve”, continue l'ex-chef du gouvernement.
Le rapport du MAK, organisme intergouvernemental d'aviation, regroupant plusieurs pays d'ex-URSS, affirme en effet que les passagers et l'équipage de l'avion sont les seuls responsables du drame. Ils auraient voulu à tout prix poser l'avion à Smolensk, malgré le brouillard, pour que le président polonais et sa délégation puisse assister aux cérémonies de commémoration du massacre de Katyn. Pour cela, affirme le rapport, ils auraient délibérément ignoré les avertissements des contrôleurs aériens russes et ceux du système d'alerte de l'avion.
La présence attestée par les boîtes noires du chef de l'armée de l'air et du responsable du protocole atteste la thèse de pressions psychologiques sur les pilotes. Au passage, le rapport signale le taux élevé d'alcool dans le sang du patron de l'armée de l'air.
_ L'équipage aurait en outre redouté une réaction de colère de Lech Kaczynski, affirme le texte, bien qu'aucun ordre direct d'atterrissage émanant du président polonais ne soit attesté.
Enfin, la responsable du MAK, Tatiana Anodina, a dénoncé les “insuffisances significatives dans l'organisation du vol et dans la préparation des membres de l'équipage”.
Ce rapport, dont la teneur était déjà connue, a été rejeté par Varsovie. Le Premier ministre Donald Tusk a même interrompu ses vacances pour revenir. Il avait déjà dénoncé en décembre le rapport préliminaire comme “inacceptable”. Le représentant polonais auprès du MAK s'est lui-même indigné de ces conclusions. Edmund Klich estime que le rapport est “incomplet” et regrette que les conversations entre les pilotes et le contrôle de Smolensk n'aient pas été versées au dossier.
Grégoire Lecalot, avec agences
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