Clandestins: l'UE envisage des vols charters communs
Les 27 ont du mal à mettre la main à la poche pour aider les pays pauvres à financer leurs programmes de lutte contre le réchauffement. Ils peinent aussi à trouver un futur président pour l'UE. Mais il y a un sujet qui met les leaders européens d'accord, c'est ce projet de charters communs pour expulser les clandestins.
Dans un document adopté à l'issue du sommet de Bruxelles, ils demandent "l'examen de la possibilité d'affréter régulièrement des vols de retour communs financés par l'agence Frontex", l'agence européenne chargée de la sécurité des frontières externes de l'UE. Un projet directement inspiré par une demande française, soutenue par l'Italie et l'Espagne.
Nicolas Sarkozy s'est félicité de cette initiative, saluant un "progrès considérable" . Mi-octobre, la France et la Grande-Bretagne avaient déjà organisé un vol commun pour emmener à Kaboul trois Afghans renvoyés de France et 24 expulsés de Grande-Bretagne.
Et le président français, galvanisé, veut aller plus loin: "Je veux des gardes-frontières européens" , a-t-il précisé. Le ministre français de l'Immigration, Eric Besson, lui a emboîté le pas et a qualifié cette proposition de charters européens d'"étape décisive pour la construction d'une véritable police européenne aux frontières".
De son côté, le vice-président de la Commission européenne Jacques Barrot, chargé des questions d'immigration, a mis en garde contre le "tout sécuritaire" , indiquant que les États devaient "trouver le point d'équilibre entre la part sécuritaire et la part d'humanité". Il avait déjà réagi après l'organisation du charter franco-britannique en demandant aux autorités nationales de "s'assurer au préalable que les migrants concernés ne souhaitent pas demander une protection internationale".
Pour l'ONG Migreurop, qui regroupe plusieurs dizaines d'associations européennes et africaines dont la Cimade, "ces accords soulèvent de nombreuses interrogations, du fait de leur opacité (peu d'informations données aux parlements nationaux et à la société civile) et de leurs conséquences au regard du respect des droits fondamentaux des migrants".
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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