Caucase : Moscou prend le risque de l'isolement
Le conflit entre Russes et Géorgiens à propos des provinces séparatistes est décidément bien loin de s'éteindre. Et il s'étend, dans les mots en tous cas, au reste du monde.
_ Déjà mise en garde par certains pays après son intervention musclée en Ossétie du Sud et en Géorgie, la Russie s'est attirée un feu de critiques depuis le début d'après-midi, et le discours de Dmitri Medvedev.
Les réactions n'ont pas tardé, Paris évoquant dix minutes plus tard une "décision regrettable" et réaffirmant "l'intégrité territoriale de la Géorgie". La Grande-Bretagne allant jusqu'à signifier à la Russie son "refus catégorique".
_ Cette "violation délibérée du droit international", selon la Suède, ne s'appuie sur "aucun cadre juridique international" pour Rome. Même son de cloche pour l'Otan, pour qui Moscou "viole" l'intégrité territoriale de la Géorgie.
Tbilissi a, évidemment, aussitôt dénoncé cette reconnaissance. Cela n'a "aucune valeur légale" et aura de "lourdes conséquences politiques" pour la Russie, d'après le secrétaire du Conseil national de sécurité géorgien Alexandre Lomaïa.
Le président Mikhaïl Saakachvili a plus tard accusé la Russie d'avoir voulu "annexer" la Géorgie. Précisant par ailleurs que son pays lutterait "pacifiquement" pour son intégrité territoriale, et qu'il souhaitait une intégration accélérée à l'Otan et à l'Union européenne.
Gorbatchev donne de la voix
Mais les opinions ont pris ensuite une tonalité plus virulente, à l'image de ce "inacceptable" venu de Washington.
Ainsi, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, s'est prononcé pour "une coalition la plus large possible contre une agression russe en
Géorgie".
_ Même l'ex-numéro un soviétique Mikhaïl Gorbatchev a mis en garde contre "une nouvelle scission" et un nouveau "cataclysme" dans le monde.
Une mise en garde apparemment insuffisante pour l'actuel président russe , qui a estimé que son pays n'avait "peur de rien", y compris d'une nouvelle "guerre froide" avec l'Occident.
Après plusieurs jours de graves violences, et pendant que le retrait des troupes russes peine à se matérialiser, Moscou a décidé ce matin de reconnaître l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud.
_ Soit le troisième temps d'un choix attendu, après que les provinces elles-même en aient fait la demande. Puis, hier, c'est le Parlement russe qui avait appelé Dmitri Medvedev à se prononcer en ce sens.
Matteu Maestracci avec agences
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