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CANNES 2016.Quand la France soutient le cinéma mondial
Le Festival de Cannes, qui a ouvert ses portes le 11 mai 2016, est une vitrine du cinéma mondial mais aussi de la coproduction française. Sur la Croisette, beaucoup de films projetés attestent de l'importante contribution de la France à la vivacité et à la diversité de l'industrie cinématographique.
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Qu’ont en commun Sieranevada de Cristi Piu (en compétition), Eshtebak (Clash) de Mohamed Diab (Un Certain Regard) et Poesie sin fin de Alejandro Jodorowski? Même s’ils représentent respectivement la Roumanie, l’Egypte et le Chili, ils sont aussi un peu français !
«La France joue un rôle central dans le soutien aux cinéastes du monde entier et dans la promotion de la diversité culturelle», déclarait récemment la présidente du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) Frédérique Bredin dans un communiqué de l’organisme français de soutien au septième art. Outre les coproductions, pas moins de 12 films ont été financés en partie par la France par le biais de son fonds d’Aide aux cinémas du monde. L’un des deux principaux mécanismes par lesquels l’Hexagone participe à la création cinématographique dans le monde entier.
En 2015, ce sont 17 films présents dans la sélection officielle et dans les sections parallèles qui ont bénéficié de cette aide. Du premier film d’un réalisateur éthiopien (qui a offert une première sélection cannoise à son pays avec le film Lamb présenté à Un Certain Regard), à Nanni Moretti (réalisateur acclamé qui présentait Mia Madre, film en lice pour la Palme d'or, NDLR).
«La France, très rapidement après la création du CNC, a commencé à faire des coproductions et a financé des films de dimension internationale. Que ce soit des auteurs français qui collaboraient avec des talents et des techniciens étrangers ou l’inverse (…). Aujourd’hui, la coproduction, c’est 40% de notre production nationale. C’est donc clé pour la production française de films. C’est pour cela que nous avons instauré plusieurs dispositifs internationaux pour collaborer avec des équipes étrangères», confiait Pierre-Emmanuel Lecerf, directeur des Affaires européennes et internationales au CNC, à la fin de la précédente édition du Festival de Cannes.
«Bon pour la qualité du cinéma français»
La France a signé plus d’une cinquantaine d’accords de coproduction, le plus important dispositif au monde, et finance des œuvres cinématographiques grâce au fonds d'Aide aux cinémas du monde. «Avec la coproduction, on permet à un film qui a un minimum de contribution française (artistique, financière, technique, de dépenses sur le territoire français) d’être qualifié de français même s’il n’est pas 100% français. Et dès lors qu’il est qualifié de français (la contribution française est évaluée sur une échelle de 100 points et il faut toujours qu’un producteur français soit associé au projet), le film a accès aux aides du CNC.» En apportant son soutien financier, le CNC aspire à contribuer «à des échanges artistiques et techniques» entre la France et le reste du monde.
Dans la compétition 2016, Elle du cinéaste hollandais Paul Verhoeven a notamment bénéficié de l’aide à la coproduction franco-allemande. Tout comme Juste la fin du monde du Canadien Xavier Dolan de celle à la coproduction franco-canadienne. Il en de même pour L’Ultima Spiaggia (La Dernière Plage) de Thanos Anastopoulos et Davide Del Degan (aide à la coproduction franco-grecque) présenté en séance spéciale.
L’autre dispositif qui lui permet d’atteindre cet objectif est l’Aide aux cinémas du monde, une «aide universelle qui peut aller jusqu’à 250 000 euros par film de long métrage. Par an, on aide environ une cinquantaine de films», explique Pierre-Emmanuel Lecerf. Le fonds est doté de «plus de 5 millions d’euros» et «il est cogéré par le CNC et l’Institut Français. L’aide est sélective sur le modèle des avances sur recettes (dispositif d’aide aux productions françaises, NDLR)». Par ailleurs, «un projet sur neuf est généralement retenu».
Apprentice de Boo Junfeng (Singapour) et Câini (Dogs) de Bogdan Mirica (Roumanie) présentés à Un Certain Regard ont ainsi bénéficié de l’Aide aux cinémas du monde. A l'instar de Tramontane du réalisateur libanais Vatche Boulghourjian projeté à la Semaine de la critique.
Cette présence de la France à l'international «est vraiment le signe que les producteurs français travaillent avec le monde entier», estime Pierre-Emmanuel Lecerf. «Il est dans l’intérêt général d’assurer la diversité de l’offre cinématographique et de faire émerger des talents partout.» Par ailleurs, «en découvrant et en finançant des talents étrangers, on devient très exigeant, y compris vis-à-vis des auteurs français.» Car le pire, «c’est l’enfermement». «C’est très bon pour la France d’avoir constamment une diversité des regards (…) parce que cela permet au cinéma français d’être toujours de bonne qualité.»
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