Cet article date de plus de treize ans.

Bataille diplomatique franco-européenne autour des Roms

La politique menée par le gouvernement à l'égard des Roms provoque une levée de boucliers international, qui débouche sur des tensions diplomatiques entre Paris et l'Union européenne. L'UMP estime "irresponsables" les propos de la commissaire européenne à la justice, Viviane Reding, tandis que l'opposition l'estime dans son rôle. La France risque des sanctions, mais la procédure sera longue.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Radio France © France Info)

Au départ, un fait divers franco-français, dans le Loir-et-Cher. A l'arrivée, une crise diplomatique entre Paris et l'Union européenne. Le résultat d'un mois d'exploitation politique.

La charge furieuse de la commissaire européenne chargée de la Justice, des Droits fondamentaux et de la Citoyenneté, Viviane Reding, contre les expulsions de Roms en France, tranche sur le langage diplomatique, habituellement plus feutré. N'hésitant pas à établir un parallèle entre la politique issue du discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy et les évènements de la Seconde guerre mondiale, elle traduit une indignation grandissante sur la scène internationale (voir notre article ci-dessous).
_ Ce coup de semonce vient après la condamnation par le Parlement européen, par l'ONU ou encore par le Vatican. A l'étranger, la presse européenne et même américaine tape dur sur le gouvernement français.

En France, cette charge est diversement accueillie. A l'UMP, beaucoup préfèrent se taire. Ceux qui parlent condamnent la sortie de la commissaire européenne.
_ Le patron des députés de la majorité, Jean-François Copé, dénonce un procès d'intention et laisse entendre qu'il y a “une arrière-pensée politique venue de l'Europe”. Le ministre de l'Immigration, Eric Besson, assure que la France n'a procédé à aucune reconduite “sur une base ethnique”.

Quant au secrétaire d'Etat aux Affaires Européennes, Pierre Lellouche, il qualifie ce matin de "dérapage" les propos de Viviane Reding.

L'opposition de gauche dénonce un discours à la Berlusconi, qui ne règle pas les problèmes auxquels il prétend et le PS estime qu'après tout, la Commissaire européenne est dans son rôle en défendant des citoyens européens, qui devraient bénéficier de la libre circulation au sein de l'UE.

Histoire d'apaiser le débat, l'Elysée a jugé ce matin ces propos “inacceptables” , tout est estimant que l'heure était maintenant à un “dialogue apaisé pour traiter le fond des sujets (...) il y a une volonté de traiter les choses au fond plutôt que de se laisser embarquer dans une polémique stérile”.

Quoi qu'il en soit, cette tension diplomatique pourrait se traduire par des sanctions européennes. Viviane Reding souhaite lancer une procédure de sanction devant la Cour européenne de Justice à l'encontre de la France pour non-respect des traités.

Mais la procédure, si elle est lancée, sera longue. Pour commencer, Viviane Reding doit recueillir assez de soutiens chez ses 26 collègues commissaires.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.