Baltasar Garzon jugé pour avoir enquêté sur le franquisme
La justice n'a pas à s'occuper de ce qui s'est passé en Espagne entre 1936 et 1975, c'est-à-dire entre la guerre civile qui a vu Francisco Franco s'installer au pouvoir, et la mort du Caudillo. C'est du moins ce que veulent deux groupes d'extrême-droite qui semblent avoir réussi à faire passer Baltasar Garzon de son bureau de juge d'instruction à l'Audience nationale, au banc des accusés. Il aurait violé la loi d'amnistie générale, votée en 1977, au nom de la réconciliation. Seules quelques étapes procédurales le séparent de son procès.
Baltasar Garzon est lui-même un monument national en Espagne, et le symbole d'une justice têtue et courageuse. Il a enquêté sur ETA et sur les fameux groupes anti-terroristes gouvernementaux, sur al-Qaïda en Espagne après les attentats de Madrid. Il a inculpé Augusto Pinochet, le dictateur chilien et poursuivi des militaires argentins pour génocide. Et il a ouvert une enquête sur le sort des 144.000 disparus de la guerre civile espagnole et des décennies de franquisme qui ont suivi. Il a fini par y renoncer fin 2008, face aux pressions judiciaires.
C'est cette enquête que visent les deux groupes qui ont porté plainte. Garzon l'a entamée après avoir reçu une requête de l'Association pour la récupération de la mémoire historique. Deux mois auparavant, le Parlement espagnol a voté une loi dite de la mémoire historique, justement, qui honore la mémoire des victimes de la guerre civile, premier accroc à l'amnistie générale.
_ Les plaignants - dont l'organisation La Phalange, elle-même mise en cause dans les crimes du franquisme - l'accusent de prévarication, c'est à dire qu'il aurait manqué à ses devoirs en montant des bricolages législatifs pour contourner la loi de 1977. Il risque la suspension.
Plusieurs associations antifranquistes ont tenté de contrer cette procédure. Elles ont présenté un recours devant le tribunal constitutionnel pour demander la suspension de l'instruction du tribunal suprême contre Baltasar Garzon. Elles accusent certains magistrats de partialité.
Grégoire Lecalot, avec agences
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