Cet article date de plus de six ans.

Oskar Gröning, ancien comptable d'Auschwitz, sur le point d'être incarcéré à l'âge de 96 ans

La condamnation d'Oskar Gröning en 2015 à quatre ans de prison pour "complicité" dans le meurtre de 300 000 juifs s'inscrit dans le cadre d'une vague de procès tardifs du nazisme concernant des personnages de rangs secondaires.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'ancien comptable d'Auschwitz Oskar Gröning, lors de son procès en juillet 2015, à Lunebourg (Basse-Saxe, Allemagne). (RONNY HARTMANN / AFP)

A 96 ans, il estimait que son état de santé ne lui permettait pas d'être incarcéré, mais la Justice en a décidé autrement. Vendredi 29 décembre, la Cour constitutionnelle allemande a rejeté le dernier recours de l'ancien SS et comptable du camp d'extermination d'Auschwitz (Pologne), Oskar Gröning, qui peut donc se voir signifier à tout moment son incarcération.

Condamné en 2015 à quatre ans de prison pour "complicité" dans le meurtre de 300 000 juifs, Oskar Gröning a été déclaré apte fin novembre à être incarcéré, ce qu'il contestait au nom de son "droit fondamental à la vie". Avec la décision de la plus haute juridiction allemande, plus rien ne s'oppose à son placement en détention.

Sa condamnation s'inscrit dans le cadre d'une vague de procès tardifs du nazisme concernant des personnages de rangs secondaires.

Accusé d'avoir participé à "la sélection" des déportés

La Cour a considéré qu'il n'y avait aucune raison de remettre en cause les expertises médicales sur son aptitude à la détention. Par ailleurs, "il faut aussi tenir compte du fait que le plaignant a été condamné pour complicité de meurtre dans 300 000 cas, ce qui donne un poids tout particulier à l'exécution de la sanction", a estimé la juridiction. Lors de son procès, le vieil homme avait assumé une "faute morale" et présenté à plusieurs reprises ses excuses. Mais sa défense avait plaidé l'acquittement, estimant qu'il n'avait apporté aucune "contribution" concrète à l'Holocauste.

Les charges retenues contre l'ancien SS reposaient sur deux points : on lui reprochait d'avoir soutenu économiquement le régime, en envoyant l'argent des déportés à Berlin, et d'avoir assisté par trois fois à la "sélection" séparant, à l'entrée du camp, les nouveaux arrivants jugés aptes au travail de ceux qui étaient immédiatement tués. Il s'était défendu en assurant que son rôle consistait uniquement à éviter les vols dans les bagages des déportés, sans lien avec l'extermination, et en rappelant ses trois demandes infructueuses de transfert sur le front.

Bien avant d'être rattrapé par la justice, cet ancien engagé volontaire dans les Waffen SS avait raconté son séjour à Auschwitz, de 1942 à 1944, dans un mémoire pour ses proches puis dans de longues interviews destinées à "lutter contre le négationnisme".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.