Au Chili, la veuve de Honecker croit toujours au communisme

Alors que le Mur de Berlin est tombé il y a vingt ans, Margot Honecker vit tranquillement dans une banlieue aisée de Santiago du Chili, protégée des médias par son réseau d’amis. Il s’agit notamment d’anciens réfugiés chiliens en Allemagne, car la République démocratique allemande a accueilli des milliers de réfugiés après le coup d’Etat qui a renversé le socialiste Allende en 1973.

C’est donc naturellement que les liens tissés entre les deux Etats ont permis à l’épouse d’Honecker et à sa fille Sonja de se réfugier au Chili en 1992, rejointes un an après par Erich Honecker, qui y mourut d’un cancer en mai 1994.

«Elle vit tranquille et veut continuer de vivre tranquille. Elle ne veut pas apparaître dans les journaux », selon Luis Corvalan, ancien dirigeant du Parti communiste chilien, intime de Margot Honecker. Il avait publié avec elle en 2001 un livre d’entretiens : L’autre Allemagne, la RDA.

Dans cette RDA, Margot Honecker a eu une forte influence. Militante à l’autorité crainte, elle y fut ministre de l’Education pendant 26 ans. Aujourd’hui encore, «elle reste fidèle à ses convictions», raconte son ami Luis Corvalan.

Début octobre, c’est en pleine forme et entourée d’une vingtaine de proches nostalgiques que l’octogénaire a fêté les 60 ans de la création de l’ex-RDA. Malgré sa discrétion, le discours à teneur politique qu’elle a prononcé circule dans une vidéo sur Internet.

Margot Honecker commémore les 60 ans de l'ex-RDA

Margot Honecker y déclare qu’“il y a beaucoup d'opposition à la RDA aujourd'hui en Allemagne. Il n'y a pas d'émissions de débat, de film, de programmes d'information qui ne tentent de jeter le discrédit sur la RDA. … Mais ça ne marche pas. Cinquante pour cent des Allemands de l'Est disent que leur vie est pire sous le capitalisme, qu'ils avaient une bonne vie en RDA.” La veuve de l’ex-dirigeant est-allemand voit des “bons signaux” dans la situation allemande actuelle, comme le score de la gauche radicale Die Linke (12%) aux dernières législatives.

Noémie Destelle