"Je suis un dommage collatĂ©ral" : le calvaire de Fayçal Cheffou, accusĂ© Ă tort d'ĂȘtre "l'homme au chapeau" des attentats de Bruxelles
Pendant quatre jours, ce Bruxellois a été considéré comme l'un des membres du commando de l'aéroport de Zaventem. Il raconte comment cette erreur a bouleversé sa vie.
"Imaginez un peu ce que c'est d'ĂȘtre un type normal et de devenir en quelques secondes l'ennemi public n°1." Ce 24 mars 2016, Fayçal Cheffou ne remarque pas les vĂ©hicules banalisĂ©s qui le prennent en filature. En voiture avec deux amis, le Bruxellois est interrompu par une Ford noire qui lui coupe la route, prĂšs du tribunal de Bruxelles. "Une autre voiture nous a bloquĂ©s par derriĂšre. Sur le trottoir, des policiers avec des gilets pare-balles vert kaki nous braquent avec leurs mitraillettes. On s'est retrouvĂ©s au milieu d'une scĂšne de guerre." Sur sa poitrine, le trentenaire voit le point rouge d'un viseur. Il lĂšve les mains en l'air. "Un flic me demande de sortir pendant que l'autre me hurle de ne pas bouger si je ne veux pas prendre une balle dans la tĂȘte. Moi, je suis au milieu, et je ne sais pas quoi faire." Les policiers sont Ă cran et craignent que les trois occupants de la voiture portent des ceintures d'explosifs.
Cette interpellation a lieu deux jours aprĂšs les attentats qui ont fait 32 morts dans une station de mĂ©tro et Ă l'aĂ©roport de Bruxelles. Deux jours pendant lesquels ils ont traquĂ© le dernier survivant du commando terroriste filmĂ© dans le terminal avec des Ă©paisses lunettes et un bob noir. Les enquĂȘteurs sont alors persuadĂ©s que le fugitif, baptisĂ© "l'homme au chapeau" par les mĂ©dias, est Fayçal Cheffou et qu'ils viennent de mettre la main sur lui. "Dans la voiture de police, j'ai un bandeau sur les yeux. Je ne sais pas ce qui m'arrive. Ce n'est que quand je les entends dĂ©charger leurs armes que je comprends que c'est grave."
Je ne me doutais pas que c'était le début de deux ans de cauchemar pour moi.
Fayçal Cheffouà franceinfo
Fayçal Cheffou est emmenĂ© au siĂšge de la police judiciaire fĂ©dĂ©rale, rue Royale, Ă Bruxelles. Au sous-sol, chacun de ses vĂȘtements est mĂ©ticuleusement analysĂ© pendant qu'on lui prĂ©lĂšve empreintes et ADN. "J'avais en face de moi des policiers scientifiques avec des blouses blanches et des masques de mĂ©decin. Quand je le leur demandais pourquoi j'Ă©tais lĂ , ils me disaient que je faisais du zĂšle, qu'ils savaient que c'Ă©tait moi."
Malheureux hasard
Il est environ minuit quand Fayçal Cheffou est entendu par les enquĂȘteurs de la police judiciaire fĂ©dĂ©rale. C'est au moment oĂč on lui montre la cĂ©lĂšbre photo de "l'homme au chapeau" que le trentenaire comprend l'importance des accusations. "On me demande si je reconnais des gens sur la photo. Je rĂ©ponds que non et que les photos sont de toute façon trop floues pour reconnaĂźtre quelqu'un." "Peut-on imaginer que vous soyez la personne en clair sur la photo ?", interroge alors l'enquĂȘteur. "Je dis Ă©videmment que non mais, le pire, c'est qu'Ă ce moment-lĂ , je leur dis que je peux comprendre qu'ils trouvent que je lui ressemble."
Sur le moment, ça me semble tellement surréaliste que je commence à rire nerveusement. AprÚs, j'ai commencé à vraiment paniquer.
Fayçal Cheffouà franceinfo
C'est un malheureux hasard qui a mis les enquĂȘteurs sur la piste de Fayçal Cheffou. Juste aprĂšs l'attentat de la station Maelbeek, le trentenaire s'est rendu sur le lieu de l'explosion. "Je travaillais en tant que journaliste indĂ©pendant et j'habite Ă quelques pas, donc je suis allĂ© voir ce qui se passait." Sur place, il est filmĂ© par une camĂ©ra de la RTBF. Il fait froid ce jour-lĂ et, en plus de ses habituelles lunettes, il porte un bonnet qui le fait ressembler au fugitif. Les images sont montrĂ©es au tĂ©moin-clĂ© de l'enquĂȘte : le chauffeur de taxi qui a transportĂ© les terroristes. Ce dernier reconnaĂźt Fayçal Cheffou comme l'un d'entre eux.
Inculpé pour "assassinats terroristes"
AprĂšs vingt-quatre heures d'interrogatoire, Olivier Martins, l'avocat de Fayçal Cheffou, insiste pour que son client soit prĂ©sentĂ© au tĂ©moin afin d'ĂȘtre formellement identifiĂ© derriĂšre une vitre sans tain. ProblĂšme : parmi les "quatre personnes qui se trouvaient Ă mes cĂŽtĂ©s, seul un Ă©tait de type maghrĂ©bin", se plaint, sur le moment, le trentenaire auprĂšs des policiers. InterrogĂ© par franceinfo, Olivier Martins confirme. "Mais honnĂȘtement, les policiers ont Ă©tĂ© trĂšs sĂ©rieux. Ils ont pris un chronomĂštre et m'ont expliquĂ© que l'identification ne vaudrait rien si le tĂ©moin met plus d'une minute Ă dĂ©signer mon client. Le problĂšme, c'est qu'il l'a reconnu en quelques secondes."
Le ciel tombe sur la tĂȘte de Fayçal Cheffou. Pendant son interrogatoire, les enquĂȘteurs lui expliquent qu'il a rĂ©agi positivement au "test explosif primaire" auquel il a Ă©tĂ© soumis. "Impossible", s'Ă©crit le trentenaire, qui croit d'abord Ă un coup de bluff. Cette rĂ©action positive serait en rĂ©alitĂ© due, d'aprĂšs lui, aux engrais qu'il utilise pour entretenir ses plantations et qui peuvent entrer dans la composition des explosifs artisanaux. Son avocat demande que des tests complĂ©mentaires soient effectuĂ©s. Mais Fayçal Cheffou est inculpĂ© le 26 mars pour "assassinats terroristes" et pour "participation Ă l'activitĂ© d'un groupe terroriste".
Le 9 avril 2016, les enquĂȘteurs arrĂȘtent finalement six personnes dont Mohamed Abrini, qui avoue ĂȘtre le vĂ©ritable "homme au chapeau". MalgrĂ© ce coup de filet, Fayçal Cheffou reste nĂ©anmoins toujours inculpĂ© pour "assassinats terroristes" et "participation Ă une activitĂ© terroriste". Une source judiciaire Ă©voque, Ă franceinfo, une "question de procĂ©dure" et estime qu'il y aura "trĂšs certainement un non-lieu". Mais le trentenaire doit attendre la fin de l'enquĂȘte sur ces attentats. Le parquet prĂ©cise : "Le dossier doit d'abord arriver devant la chambre du conseil, qui est la seule Ă pouvoir dĂ©cider s'il doit, ou non, ĂȘtre renvoyĂ© devant le tribunal. Mais sachez que sur les 10 inculpĂ©s dans ce dossier, Fayçal Cheffou est le seul Ă avoir Ă©tĂ© libĂ©rĂ© tel quel, sans conditions."Â
"Ăa y est Fayçal, t'es Ă Guantanamo"
Avant d'ĂȘtre inculpĂ©, Fayçal Cheffou passe quarante-huit heures en garde Ă vue, dans les locaux de la police judiciaire fĂ©dĂ©rale Ă Bruxelles. Il raconte : "On m'a mis dans un cachot. J'avais une salopette avec des rayures orange. Je me suis dit : 'Ăa y est Fayçal, t'es Ă Guantanamo.'" Le trentenaire explique ĂȘtre alors constamment interpellĂ© par des agents.
J'Ă©tais une bĂȘte de foire. Tout le monde venait me voir Ă travers le clapet de la porte pour m'insulter : 'Sale terroriste', 'jihadiste', 'sale merde', 't'es foutu', 'on t'a eu'...
Fayçal Cheffouà franceinfo
Les choses dégénÚrent lorsqu'il réalise qu'il est placé sous vidéosurveillance dans sa cellule. Le prisonnier recouvre alors la caméra avec du papier toilette. "Les policiers sont rentrés une premiÚre fois pour retirer le papier, mais j'en ai remis. Un flic m'a alors menacé de me mettre à poil et m'accrocher sur un poteau. Mais j'ai refusé d'enlever le papier." Et de continuer : "D'un coup, les lumiÚres se sont éteintes. Les policiers sont rentrés dans ma cellule pour me déshabiller, parce que je cachais un peu de papier toilette dans ma salopette. Je ne me suis pas laissé faire et ils ont commencé à me frapper. J'étais au sol et en essayant de libérer ma cheville, j'ai mis un coup sur le visage d'un d'entre eux."
C'est à ce moment-là qu'ils ont commencé à me frapper. Je suis tombé dans les pommes parce qu'ils m'écrasaient. Je suis chétif et quand ils se sont mis sur moi, pour m'immobiliser, je n'arrivais plus à respirer.
Fayçal Cheffouà franceinfo
Fayçal Cheffou assure avoir passĂ© la nuit nu sur le sol de la cellule, en position fĆtale. "C'Ă©tait la seule position qui me permettait de ne pas crever de froid et qui me cachait un peu de la camĂ©ra." ConsultĂ©s par franceinfo, des certificats mĂ©dicaux Ă©tablis dans les jours qui suivent font Ă©tat de contusions et d'hĂ©matomes sur les membres.
"Il y a un mec dehors qui a sans doute une bombe"
Le 26 mars 2016, direction la prison de Forest, dans l'agglomération bruxelloise. Fayçal Cheffou y est retenu deux jours en détention provisoire. L'administration pénitentiaire décide "de sa mise sous mesure de sécurité particuliÚre", au vu du "risque de prosélytisme" et de sa "dangerosité". Sa cellule jouxte celle d'un membre de la cellule de Verviers, un groupe lié à l'organisation Etat islamique, qui projetait un attentat dans un aéroport.
Ce qui est terrible, c'est qu'Ă ce moment-lĂ , je suis le seul Ă savoir que le terroriste est dehors, parce que je sais que ce n'est pas moi.
Fayçal Cheffouà franceinfo
"Je n'arrĂȘtais pas de dire qu'il y avait un mec dehors qui a sans doute une bombe et qui va sans doute tuer des gens, se rappelle-t-il. Et lĂ , on me rĂ©pondait : 'Ah, tu me menaces, espĂšce d'enculĂ© ?' Je ne pouvais rien dire. DĂšs que je parlais, c'Ă©tait : 'Ferme ta gueule, l'homme au chapeau'."
Au dĂ©but, mĂȘme son avocat doute de son honnĂȘtetĂ©. "Je lui ai dit qu'il ne fallait pas me mentir, que c'Ă©tait une affaire trĂšs grave", se souvient Olivier Martins. Pour le convaincre, Fayçal Cheffou ouvre sa salopette et montre son petit gabarit. "LĂ , je rĂ©alise que ça ne colle pas. Je connais Bakraoui, l'autre terroriste de Zaventem, et je sais qu'il a une carrure de rugbyman. Sur la photo, on voit que l'homme au chapeau a la mĂȘme corpulence que Bakraoui alors que Fayçal Cheffou, lui, est un fil de fer."
Olivier Martins observe un autre dĂ©tail qui va mener Ă la libĂ©ration de son client. Sur la mĂȘme image de vidĂ©osurveillance, l'avocat remarque que "l'homme au chapeau" ne porte pas de gants. Il a donc laissĂ© des empreintes sur le chariot qu'il poussait Ă l'aĂ©roport avant de prendre la fuite. Olivier Martins rĂ©clame que ces empreintes soient prĂ©levĂ©es et recoupĂ©es de toute urgence avec celles de son client. "Le lundi 28 mars, j'ai reçu un coup de tĂ©lĂ©phone du juge d'instruction qui me disait que j'avais raison : les empreintes ne correspondent pas et le vrai homme au chapeau a Ă©tĂ© identifiĂ©. Mon client va ĂȘtre libĂ©rĂ©."
La machine médiatique s'emballe
Fayçal Cheffou sort de prison. Mais pendant ses quatre jours de détention, la machine médiatique a eu le temps de se mettre en route. "En cellule, on m'a montré une télévision. Le maton m'a dit de zapper et j'ai découvert que j'étais sur toutes les chaßnes, jusqu'à CNN. J'ai commencé à devenir fou."
Un de ses reportages vidĂ©o, datĂ© de 2014 et dans lequel il dĂ©nonce les conditions dans un centre de rĂ©tention en pĂ©riode de ramadan, est repris par toutes les tĂ©lĂ©visions du monde. Certains journalistes le prĂ©sentent alors comme un "vrai-faux journaliste de Daech". "C'Ă©tait certes plus un travail de militant qu'un reportage de journaliste, mais je ne dis rien de mal dans cette vidĂ©o. Et partout, on l'a prĂ©sentĂ© comme une preuve que je suis un islamiste", s'indigne aujourd'hui Fayçal Cheffou.Â
Des anciennes connaissances professionnelles prennent la parole, comme Vinz KantĂ©, un animateur de Fun Radio. Sur RTL et Skynews, il parle de Fayçal Cheffou comme quelqu'un qui "voyait le mal partout", laissant supposer une radicalisation. "Il est Ă©vident que mon passage n'a pas Ă©tĂ© compris dans le sens que je pensais", raconte l'animateur, qui a depuis prĂ©sentĂ© ses excuses Ă Fayçal Cheffou. MĂȘme le bourgmestre de Bruxelles prend la parole sur France Inter pour qualifier le trentenaire de "recruteur".
Toujours remontĂ©, le trentenaire raconte comment il a Ă©tĂ© traquĂ© par les journalistes aprĂšs sa libĂ©ration. "Il y avait des photographes qui m'attendaient Ă la sortie de la prison et d'autres en bas de chez moi." ApeurĂ©, Fayçal Cheffou se rend chez sa mĂšre, oĂč il tombe sur une Ă©quipe de la chaĂźne amĂ©ricaine ABC. "Il y en a un qui m'attendait en bas, pendant que deux journalistes arabophones Ă©taient Ă l'intĂ©rieur pour essayer de convaincre ma mĂšre de tĂ©moigner."
DÚs qu'il passe la porte, les journalistes dégainent les caméras et filment Fayçal Cheffou serrant sa mÚre dans ses bras. "Pour moi, c'était un vrai manque de respect. J'ai menacé de casser les caméras s'ils ne supprimaient pas les images." D'aprÚs le trentenaire, l'équipe américaine tente alors de négocier et lui propose 6 000 euros pour une interview exclusive. "J'ai refusé et je les ai mis à la porte. J'étais trÚs énervé." Interrogé par franceinfo, le journaliste d'ABC dément avoir proposé de l'argent.
"Ăa y est, c'est reparti"
HarcelĂ©, Fayçal Cheffou suit son ami Khalid, arrĂȘtĂ© en mĂȘme temps que lui, qui propose de le mettre Ă l'abri des journalistes dans un appartement situĂ© Ă une vingtaine de kilomĂštres de la capitale belge. Sur place, les deux hommes passent la nuit Ă parler de leur interpellation, jusqu'Ă ce que le tĂ©lĂ©phone de Khalid sonne. Au bout du fil, la police lui propose de venir rĂ©cupĂ©rer son vĂ©hicule, saisie lors de leur interpellation Ă Bruxelles. "Mon ami est parti et m'a enfermĂ© dans l'appartement pour que je ne sois pas embĂȘtĂ©. Mais le temps a commencĂ© a passĂ© et il ne revenait pas. Je suis allĂ© le surveiller par la fenĂȘtre quand j'ai vu des flics arriver en masse avec des cagoules et des gilets pare-balles. LĂ , je me dis : 'Ăa y est, c'est reparti.'"
PaniquĂ©, Fayçal ouvre la porte-fenĂȘtre du balcon et saute du deuxiĂšme Ă©tage, jusque dans le jardin. "Je ne sais pas ce qui m'a pris. J'ai eu peur. Je me suis cachĂ© sous une bĂąche et j'ai attendu sans bouger pendant deux ou trois heures dans le froid, en pyjama." Les policiers, qui Ă©taient en fait simplement venus perquisitionner l'appartement, quittent les lieux. Fayçal Cheffou escalade alors l'immeuble pour rentrer dans l'appartement. "Tout ce que je voulais, c'Ă©tait m'habiller parce que je crevais de froid", se rappelle-t-il, encore nerveux.
ProblĂšme : Fayçal Cheffou est repĂ©rĂ© par une voisine, qui croit Ă un cambriolage. La police locale dĂ©barque et le somme d'ouvrir la porte. "Sauf que moi, je n'avais pas la clef⊠Mais ça semblait tellement absurde que j'Ă©tais certain qu'ils n'allaient pas me croire. Alors je suis allĂ© me cacher dans la chambre." Les policiers finissent par casser la porte et par mettre la main sur lui. "DĂšs qu'ils m'ont vu, ils m'ont dit : 'Mais vous ĂȘtes Fayçal Cheffou ?' Heureusement, ils ont vu que j'Ă©tais tĂ©tanisĂ© et ont Ă©tĂ© vraiment trĂšs sympas." AprĂšs quelques vĂ©rifications, Fayçal Cheffou est libĂ©rĂ© dans la soirĂ©e.
Des arrestations en sĂ©rieÂ
Depuis, les allers-retours au commissariat sont devenus une habitude. En plus d'un "nombre incalculable de contrĂŽles dans la rue", Fayçal Cheffou a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă cinq reprises en deux ans. Une fois, il est interpellĂ© dans le cadre d'une plainte dĂ©posĂ©e par un gardien de prison. Un autre jour, il est entendu par les enquĂȘteurs au sujet d'un cousin parti rejoindre l'organisation Etat islamique en Syrie et son appartement est perquisitionnĂ©. Le 25 fĂ©vrier 2017, Fayçal Cheffou est sorti du lit, Ă 2h45 du matin, pour des soupçons de "menace d'attentat". Contrairement aux autres arrestations, cette derniĂšre est particuliĂšrement musclĂ©e, raconte-t-il.
DÚs que j'ai ouvert la porte, j'ai vu des policiers cagoulés, armes pointées sur moi. J'ai directement été mis au sol, jambes écartées et bras en croix. Un policier avait un genou sur mon dos et une mitraillette pointée sur mon dos.
Fayçal Cheffouà franceinfo
L'opĂ©ration de police a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©e aprĂšs une fausse alerte Ă la bombe dans une salle de concert bruxelloise. Des "Ă©lĂ©ments concrets" ont conduit Ă son interpellation, explique le parquet, avant d'ajouter : "Assez vite pendant la nuit, nous nous sommes rendus compte que ce n'Ă©tait pas lui. DĂšs que nous sommes arrivĂ©s Ă cette conclusion, il a Ă©tĂ© remis en libertĂ©." Cette fois, Fayçal Cheffou porte plainte pour "violation de domicile" et "harcĂšlement". "Je n'ai signĂ© aucun document et je n'ai pas vu de mandat, justifie le trentenaire lors de sa dĂ©position auprĂšs du ComitĂ© P, la police des polices belge. L'objectif de ma plainte est de dĂ©couvrir pourquoi, et sur la base de quels Ă©lĂ©ments, on est arrivĂ© Ă venir me chercher chez moi." Mais la plainte a finalement Ă©tĂ© classĂ©e sans suite, le 26 fĂ©vrier dernier.Â
"Je suis arrĂȘtĂ© pour dĂ©pression"
Chaque arrestation vaut à Fayçal Cheffou des nouveaux articles de presse, ce qui entretient sa malheureuse notoriété dans l'esprit des Bruxellois. "Les gens continuent à me reconnaßtre dans la rue", explique-t-il.
J'ai déjà vu des femmes changer de trottoir avec leurs enfants. C'est ce qui me fait le plus mal.
Fayçal Cheffouà franceinfo
Aujourd'hui, Fayçal Cheffou est devenu paranoĂŻaque. Sur le palier de son petit studio, il a installĂ© une camĂ©ra de vidĂ©osurveillance "pour qu'il y ait des preuves si ça tourne mal la prochaine fois que je me fais arrĂȘter". Le Bruxellois ne se dĂ©place plus qu'en vĂ©lo et refuse de prendre le mĂ©tro, de peur d'ĂȘtre dĂ©noncĂ© et de provoquer une nouvelle opĂ©ration policiĂšre. Il n'a pas non plus repris d'activitĂ© professionnelle. "Je suis arrĂȘtĂ© pour dĂ©pression et je prends des mĂ©dicaments pour dormir." Il affirme ne vivre qu'avec 800 euros par mois et n'avoir que rĂ©cemment rĂ©cupĂ©rĂ© un compte bancaire, aprĂšs avoir Ă©tĂ© radiĂ© lors de son interpellation.
MĂȘme si tout le monde sait aujourd'hui que le vrai terroriste est Mohamed Abrini, moi je ne peux pas reprendre ma vie d'avant.
Fayçal Cheffouà franceinfo
Et de poursuivre : "Quand je me plains sur ma situation, on n'arrĂȘte pas de me dire qu'il y a eu 32 morts et que par respect pour les familles des victimes, je ferais mieux de la fermer. Comme me l'a dĂ©jĂ dit un policier, moi, je suis un dommage collatĂ©ral."
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