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Art, technologie et bons petits plats : comment la France fait de l'œil aux visiteurs des Expositions universelles

L'Exposition de Milan ouvre ses portes ce 1er mai et attend 20 millions de visiteurs. L'occasion de revenir sur la façon dont l'Hexagone se présente dans ces Expositions internationales depuis plus de 150 ans.

Article rédigé par franceinfo - Etienne Combier
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Stéphane Le Foll, François Hollande et Laurent Fabius regardent la maquette du pavillon français à l'Exposition universelle de Milan, le 18 mars 2015.  (PHILIPPE WOJAZER / REUTERS )

Qu'est-ce qui existe depuis 1851 et qui a, entre autres, donné naissance à la tour Eiffel, en 1889 ? Les Expositions universelles, ce drôle de mélange entre ambition nationale et volonté de représenter au mieux l'avancement des technologies au niveau mondial. Pour chacune des éditions de ces Expos, les pays participants peuvent demander à bénéficier d'un pavillon, vitrine de leur culture et révélateur de l'image qu'ils veulent renvoyer. Une sorte de carte de visite géante. 

A partir du vendredi 1er mai, et pour six mois, c'est Milan (Italie) qui est chargée d'accueillir des visiteurs venus du monde entier, sur le thème "Nourrir la planète, énergie pour la vie". Avec près de 20 millions de curieux attendus cette année, et autant de possibles consommateurs, il y a de quoi attiser quelques convoitises pour les éditions à venir. Et tout d'abord celle de Paris, officiellement candidat pour 2025

Lors de chaque édition, le nombre de visiteurs par pavillon est scruté avec attention. D'ores et déjà, les médias français ont mis en avant le caractère novateur du pavillon national. Depuis 1851 et la toute première exposition universelle, organisée à Londres, la France attache une grande importance à ce genre d'événement. Le visage qu'elle affiche reste sensiblement le même à travers les âges. Seule différence : la fierté coloniale, si présente jusqu'en 1937, a disparu après 1960 en raison de la décolonisation. 

Voici comment la France se présente lors de ces grands événements internationaux.

"Je suis la reine des arts"

Les arts, c'est un peu le dada de la France. Ils sont régulièrement mis en avant lors des Expositions. Que ce soient les Beaux-Arts, comme à Paris en 1900, "la dévotion de l'homme pour les arts", à Seattle (Etats-Unis) en 1962 ou encore les "perles de la littérature européenne" à Séville (Espagne), en 1992, la France veut se montrer raffinée. "Il est évident que tant que la gloire de notre pays ira se révéler même à l'étranger, elle aura pour résultat, au point de vue de l'art, le double objet de propager le nom de la France et de faire avancer la question du progrès dans les arts", expliquait le Journal Illustré en 1851. 

L'art français à l'honneur, on le retrouve tout aussi bien en 1900, avec une rétrospective, qu'en 2010, à Shanghaï (Chine), où six tableaux – de Cézanne, de Van Gogh, de Millet, de Manet, de Bonnard et de Gauguin – ainsi qu'une œuvre de Rodin ont été présentés au public. De quoi montrer au monde entier l'étendue du patrimoine artistique du pays. 

"J'ai tout inventé" (ou presque)

La science, l'industrie et l'artisanat sont autant de marqueurs de grandeur affichés par la France lors des différentes expositions. A Montréal (Canada) en 1967, la France exhibe son énergie nucléaire, l'électricité issue de ses barrages et des découvertes scientifiques. Elle ne fait en réalité que poursuivre une tradition héritée de 1889, date de la troisième Exposition organisée à Paris, où la tour Eiffel (construite pour l'occasion) fut dévoilée, tout comme des bâtiments à la pointe de la technologie de l'époque. Des modèles et des plans d'écoles, de prisons, d’hôpitaux et les systèmes d’égouts de Paris ont même été exposés à Philadelphie (Etats-Unis) en 1876, comme pour montrer la supériorité de la construction à la française.

L'industrie, la science et l'artisanat montrent le visage entreprenant de la France, sa capacité à inventer et à développer des technologies innovantes. L'électricité, cette "fée" comme on l'appelle en 1889, est célébrée. En 1900, la "Lune à 1 mètre", un télescope de 60 mètres de long permettant de voir la Lune de très près, enflamme l’imagination et la curiosité des visiteurs. On vante "ces génies scientifiques comme Pasteur, Bernard, Becquerel et les Curie" à Seattle en 1962, ou bien "la pensée française (...), l'apport le plus riche que la France fait au monde" à Bruxelles en 1958.

En revanche, une "invention" de 1992 ne fera pas date : celle du trombinoscope en vidéo des employés du pavillon, avec trois secondes par personne. Voyage dans le temps : 

 "Les plaisirs de la chair, c'est moi"

La France sans sa nourriture, son vin et ses restaurants est-elle vraiment la France ? "Jamais de la vie", pourraient répondre les gouvernements français successifs de 1851 à 2015. Dans toutes les Expositions universelles où la France est représentée, on trouve au moins une brasserie, un "café français" ou un restaurant. Sans cesse, ces éléments sont présents, pour marquer l'importance de la gastronomie ou du "mode de vie à la française", comme à Osaka (Japon) en 1970.

En 1889, cependant, le fondateur du champagne Mercier, Eugène Mercier, décide de marquer le coup. Il rassemble 200 000 bouteilles dans un fût de 20 000 kilos, parvient à le transporter d'Epernay (Marne) à Paris et présente le "foudre Mercier", sorte d'immense tonneau qui repose sur sept pyramides de bouteilles. Pour amener ce fût jusqu'à l'exposition, Eugène Mercier doit acheter des bâtiments parisiens pour ensuite les raser ou les raboter. 

En 2015, avec un thème autour de la nourriture, la France ne pouvait pas rater le coche. Selon le programme officiel, un restaurant, une brasserie et une zone de snacks seront installés. Sans oublier les casseroles au plafond, bizarrerie du pavillon français édition 2015.

"Terroir, mon beau terroir"

Malgré la prédominance de Paris, qui avait notamment un lieu d'expo autonome à Chicago (Etats-Unis) en 1893 ou dont on vante les monuments et les cafés, les régions sont également de la partie. Les Expositions à Paris notamment (1855, 1867, 1889, 1900, 1937) font la part belle aux terroirs et aux richesses des paysages du pays. En 1937, les organisateurs reconstituent des demeures et manoirs d'Alsace, de Bretagne, du Centre, de l'Auvergne et de l'Ile-de-France, qui offrent aux visiteurs leurs spécialités.

Mais cet aspect du terroir est également exporté. A Hanovre (Allemagne), en 2000, on présente ainsi la "France des vignes" avec des ceps plantés à l'extérieur du pavillon. En 2015, les organisateurs ont voulu insister sur la diversité des territoires de l'Hexagone. "Le bâtiment, en forme de marché, a des formes qui évoquent les collines et les montagnes de la France, la diversité des paysages français, explique Anouk Legendre, l'architecte du pavillon 2015. La force de la France par rapport à d'autres pays, c'est qu'elle a des paysages qui vont permettre d'avoir des produits différents."   

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