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Angela Merkel reconnaît que la valeur de l'euro est «un problème»

Les pourfendeurs de l'euro ont-ils trouvé un allié surprenant en la personne de la chancelière allemande ? Angela Merkel a en effet reconnu avoir, «en ce moment dans la zone euro, un problème avec la valeur de l'euro». Mais la chancelière a tenu ces propos par rapport aux Américains et non par rapport aux critiques venant d'Europe. Et pour elle, l'euro serait peut être plutôt sous-évalué...
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une pièce d'un euro sur une pile de dollars. Photo prise le 13 mars 2015 à Godewaersvelde (France).  (AFP PHOTO / PHILIPPE HUGUEN)

Un conseiller de Donald Trump avait accusé l'Allemagne de bénéficier d'un euro «largement sous-évalué» par rapport au dollar. Il est vrai que l'Allemagne dégage des excédents commerciaux record et que les Etats-Unis affichent une balance commerciale déficitaire avec l'Union européenne, et tout particulièrement avec l'Allemagne. Peter Navarro, le tout récemment nommé conseiller économique de la Maison-Blanche, avait parlé d'«un Deutsche Mark implicite qui est largement sous-évalué»


Or, l'un des thèmes majeurs de la campagne du candidat Trump était de rééquilibrer le commerce américain, en favorisant les productions «made in USA». La valeur du dollar est une donnée importante dans cette bataille et la monnaie américaine s'est fortement appréciée ces derniers mois par rapport à la monnaie européenne, d'où l'attaque contre l'euro.

Curieusement, en Europe, les attaques contre la monnaie commune vont dans l'autre sens et se résument souvent à la trouver trop forte, ce qui serait une des causes des difficultés exportatrices d'un certain nombre de pays.


Avec cette déclaration, Angela Merkel a indirectement reconnu que l'euro était assez faible mais en a rejeté la faute sur les autres pays européens. «La BCE a une politique monétaire qui n'est pas orientée vers l'Allemagne mais plutôt adaptée au Portugal, à la Slovénie ou à la Slovaquie», a-t-elle dit. Sous-entendu, si la Banque centrale européenne a une politique laxiste en matière monétaire, ce n'est pas à la demande de Berlin mais en raison de la situation des pays qui ont du mal à assurer leurs finances publiques et leurs coûts de production... La chancelière pensait sans doute aussi à d'autres pays de la zone euro... 

L'euro, un argument autant politique qu'économique
«Si nous avions encore le Deutsche Mark, il aurait certainement une valeur différente de celle de l'euro en ce moment. Mais il s'agit d'une politique monétaire indépendante sur laquelle je n'ai pas d'influence en tant que chancelière allemande», a-t-elle tenu à expliquer.

Au-delà de la polémique économique, les Américains ont sans doute, avec l'argument de la monnaie, une arme pour semer un peu plus de confusion dans une Europe politiquement fragile, à la veille d'importantes échéances électorales, aux Pays-Bas d'abord, puis en France.

Les attaques contre la puissance allemande et l'euro rencontrent toujours un écho. Non seulement chez des candidats comme Marine Le Pen ou Jean-Luc Melenchon, mais aussi chez des pro-européens comme Emmanuel  Macron. Sur la politique monétaire européenne, ce dernier affirmait que «l’euro est incomplet et ne peut pas durablement fonctionner sans réforme majeure » et qu’il a « profité à l’économie allemande, car c’est une sorte de Deutsche Mark faible qui a favorisé la compétitivité de l’Allemagne».

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