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Alors que sa réélection est contestée, M. Loukachenko averti qu'il n'y aurait pas de révolution dans son pays

C'est ce qu'il a déclaré lundi dans une conférence de presse télévisée, dans laquelle il a également félicité les forces de l'ordre pour leur fermeté face "à la barbarie et la destruction".Alexandre Loukachenko faisait allusion à la répression des opposants qui dénoncent sa réélection dimanche pour un 4e mandat avec officiellement 79,67% des voix.
Article rédigé par France2.fr
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Alexandre Loukachenko le 19 décembre 2010 à Minsk, après avoir voté à l'élection présidentielle (AFP / Viktor Drachev)

C'est ce qu'il a déclaré lundi dans une conférence de presse télévisée, dans laquelle il a également félicité les forces de l'ordre pour leur fermeté face "à la barbarie et la destruction".

Alexandre Loukachenko faisait allusion à la répression des opposants qui dénoncent sa réélection dimanche pour un 4e mandat avec officiellement 79,67% des voix.

Lundi, une trentaine de jeunes qui s'étaient rassemblés devant le siège du gouvernement à Minsk pour déployer une banderole demandant le départ de Loukachenko, ont été frappés par la police avant d'être appréhendés, selon des témoins cités par l'AFP.

639 participants à la manifestation d'opposition ont été arrêtés dimanche soir à Minsk et étaient toujours détenus lundi soir, a indiqué Loukachenko. Et sept candidats (sur neuf) ont été interpellés dans la nuit de dimanche à lundi après la dispersion musclée de milliers de manifestants hostiles au pouvoir.

Loukachenko promet l'incarcération aux opposants
A tous, l'autoritaire Alexandre Loukachenko a promis la prison. "Ce qu'on a essayé de faire hier à Minsk, ce n'est pas la démocratie, c'est du banditisme. Les vandales et les casseurs se sont déchaînés", a-t-il affirmé. "Tout cela était organisé", a-t-il dit. "Tous vont aller en prison selon la loi", a-t-il ajouté.

Dimanche, le ministre bélarusse de l'Intérieur Anatoli Koulechov, avait prévenu que les manifestants arrêtés seraient poursuivis pour organisation de "troubles de masse", un crime passible de quinze ans de prison au Bélarus.

Réactions internationales
En UE, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a "condamné" lundi la répression de la manifestation et réclamé la libération "immédiate" des opposants arrêtés par les forces de l'ordre. De leur côté, les Etats-Unis ont dénoncé le "recours excessif à la force" à l'encontre des opposants, dans un communiqué de l'ambassade américaine à Minsk.

En France, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero, a également demandé à Minsk de libérer les manifestants arrêtés dimanche, tout en pointant du doigt l'attitude des forces de l'ordre biélorusses.

La Pologne, l'Allemagne et l'Italie ont également condamné cette répression, alors que l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a critiqué le déroulement du scrutin.

L'opposition dénonce des fraudes massives
L'opposition a dénoncé dès dimanche des fraudes massives organsisée selon elle par le pouvoir. Les accusations portent principalement sur les votes des électeurs qui ont voté par anticipation, qui peuvent représenter jusqu'à 30% des inscrits.

D'après la Commission électorale, la participation au scrutin s'est établie à 90,66%. Alexandre Loukachenko est au pouvoir depuis 16 ans en Biélorussie, ou Bélarus, une ancienne république soviétique.

Sept des neuf candidats de l'opposition avaient appelé à manifester dès la clôture du scrutin sur la place d'Octobre, dans le centre de la capitale Minsk, interdite à tout rassemblement électoral et transformée en patinoire géante.

De son côté, le chef des observateurs de l'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE) a déclaré que le scrutin s'était déroulé dans de "meilleures" conditions que celui de 2006. Mais il a qualifié le dépouillement d'"imparfait".

Arrestation de sept candidats
Les candidats Andreï Sannikov, Vladimir Nekliaev, Nikolaï Statkevitch, Rygor Kastoussev et Vitali Rymachevskiï ont été interpellés après la manifestation, ont déclaré leurs porte-paroles respectifs. Ales Mikhalevitch et Dmitri Ouss sont également aux mains de la police, selon des sources proches de ces candidats.

Des partis et membres de l'opposition ont également fait l'objet de perquisitions dans la nuit de dimanche à lundi à Minsk, selon les mêmes sources. Aucune confirmation de ces informations n'a pu être obtenue auprès de la police. Seuls les candidats Iaroslav Romantchouk et Viktor Terechtchenko ont échappé à l'interpellation.

Andreï Sannikov et Vitali Rymachevskiï ont été blessés lors de l'intervention policière pour disperser la manifestation de quelque 20.000 personnes, a rapporté la radio russe indépendante Echo de Moscou. Vladimir Nekliaev a également été blessé dans ces heurts. Ce poète de 64 ans a été évacué inconscient vers un hôpital où il a reçu des soins pour des blessures à la tête.

Par ailleurs, une journaliste de l'AFP, Maria Antonova, a été interpellée dans la nuit de dimanche à lundi, alors qu'elle regagnait son hôtel après la dispersion violente des manifestations à Minsk. Elle a été relâchée lundi en fin de journée.

Dimanche soir, une manifestation réprimée dans la violence
Des centaines de membres des forces de l'ordre casqués, armés de boucliers et de matraques, sont intervenus massivement dimanche soir et à une vitesse foudroyante sur la place de l'Indépendance de Minsk, où se trouvent dans un même bâtiment le gouvernement, le parlement et la commission électorale.

La police est intervenue avec brutalité alors que la foule tentait de prendre d'assaut l'immeuble gouvernemental, en brisant portes et fenêtres. Des centaines de personnes ont été arrêtées.

Elu en 1994 à la première élection présidentielle du Bélarus indépendant, la seule reconnue comme démocratique en Occident, Alexandre Loukachenko a été réélu en 2001 et 2006 à l'issue de scrutins entachés d'irrégularités et marqués par la répression des opposants. Cette fois, la campagne électorale a été un peu plus libre que celle de 2006, mais les critiques ont dénoncé un assouplissement tactique du régime.

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