: Reportage Visite controversée du chancelier allemand en Chine : le port de Hambourg au cœur des critiques
Quelques jours avant son voyage en Chine, le premier d’un dirigeant occidental depuis le Covid, le chancelier allemand a déclenché une tempête en autorisant une prise de participation chinoise dans le terminal portuaire de Hambourg, le troisième port d’Europe.
Les conteneurs sont empilés le long des interminables quais de l'Elbe. Les bleus sont ceux de l'armateur chinois Cosco, et sont débarqués à Hambourg après une trentaine de jours de mer. "Plus de 30% des containers du port de Hambourg transitent par la Chine", constate Jan Ninneman, professeur de logistique à Hambourg. Selon lui, "la Chine tente d'accroître sa présence en Europe et donc de contrôler certains points d'entrée, comme les ports, pour accéder au marché".
Une crainte largement exprimée, d'autant plus depuis qu’Olaf Scholz, le chancelier allemand, a donné son feu vert à la vente partielle à Cosco, de l’un des quatre terminaux du port de Hambourg, le troisième port européen. Et ce, quelques jours avant sa visite controversée de 12 heures en Chine vendredi 4 novembre, la première d’un dirigeant de l'UE et du G7 depuis la crise du Covid et dans un contexte de défiance croissante de l'Occident face au régime autoritaire chinois. On reproche au chancelier de manquer de fermeté face à la Chine, premier partenaire commercial de l’Allemagne et de faire cavalier seul. Olaf Scholz a indiqué qu'il souhaitait "développer davantage" la coopération économique avec la Chine, en dépit "de points de vue différents".
Avec une participation de 24,9%, Cosco n'aura pas d'influence sur les décisions du port. Mais cela ne doit pas empêcher de s'interroger sur les échanges avec la Chine, estime Daniel Hosseus, le directeur de l'Association des entreprises portuaires.
"Avec l'invasion de l'Ukraine, il y a eu un changement d'époque et on voit les choses différemment, notamment la question de la dépendance économique."
Daniel Hosseus, directeur de l'Association des entreprises portuairesà franceinfo
"En tant qu'Européens, on doit réfléchir à nos relations futures avec la Chine", insiste Daniel Hosseus. "Quand vous discutez avec la Chine de réciprocité, d’ouverture des marchés, de la propriété intellectuelle, etc. Ce sont des sujets qu’il vaut mieux aborder à 27 pour peser, notait de son côté sur franceinfo vendredi, Sébastien Maillard, directeur de l’Institut Jacques Delors. Notre meilleur levier face à une telle puissance, c’est d’y aller en Européens. En 2019, Emmanuel Macron avait fait un voyage à Pékin avec une ministre du gouvernement allemand et un commissaire européen dans son avion".
Des critiques sur la présence chinoise à Hambourg qui agacent, en revanche, Axel Mattern, le puissant patron du marketing du port. "Si on ne veut plus de médicaments dans les pharmacies ou de Tee-Shirt, ou si on veut que les rayons des supermarchés soient vides, alors on peut se dire qu'on ne veut plus de la Chine. Mais il faut d'abord se demander comment on peut remplacer toute cette production", pointe-il. La participation de Cosco dans le terminal pourrait croître dans les années à venir, le port cherchant en effet à développer ses partenariats.
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