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L’Allemagne libère le journaliste d’Al-Jazira, Ahmed Mansour

Le journaliste d’Al-Jazira a été arrêté le 20 juin 2015 à l’aéroport de Berlin à la demande des autorités égyptiennes. Il est accusé par Le Caire de torture, viol et enlèvement. Accusations jugées absurdes par Ahmed Mansour. Il vient d'être libéré.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un manifestant brandit une photo du journaliste anglo-égyptien d'Al-Jazira, Ahmed Mansour, devant la cour criminelle de Berlin, le 22 juin 2015.  (AFP PHOTO / ADAM BERRY)

L’extradition avait peu de chance d’avoir lieu, l’Egypte pratiquant encore la peine de mort. «Nous sommes loin, très loin» à ce jour de décider d'une extradition d'Ahmed Mansour, journaliste vedette de la chaîne satellitaire du Qatar, affirme le porte-parole du gouvernement. «Par le passé, le gouvernement a à plusieurs reprises posé des questions sur le respect du caractère équitable dans la procédure pénale égyptienne et réclamé le respect des droits de l'Homme et de la liberté d'expression», explique-t-il. Et de préciser que le gouvernement allemand, et non pas seulement la justice allemande, devrait donner son feu vert éventuel à une extradition. La chaîne vient d'annoncer sa libération. 


Détenteur d’un passeport égyptien et britannique, le journaliste d’Al-Jazira allait embarquer à l’aéroport de Berlin pour Doha quand il a été arrêté par la police allemande. Considéré comme proche des Frères musulmans, Ahmed Mansour avait notamment interviewé l'émir du Front al-Nosra, la branche syrienne d'al-Qaida, Abou Mohammad al-Joulani, en mai 2015.
 
La chaîne, qui demandait sa libération, rappelle que le journaliste de 52 ans avait été condamné par contumace en 2014 par la justice égyptienne «à quinze ans de prison» pour avoir «torturé un avocat en 2011 sur la placeTahrir», épicentre de la révolution qui secouait alors l'Egypte.

Capture d'écran (DR)

Les relations entre Al-Jazira et Le Caire se sont notablement dégradées depuis la chute de l’ancien président destitué Mohamed Morsi. L’Egypte reproche à l’influence chaîne du Qatar de se mettre au service des Frères musulmans. Le timide dégel entre Doha et Le Caire risque de se fragiliser avec cette arrestation.

Trois  journalistes de la chaîne qatarie, dont l'Australien Peter Greste et le Canadien Mohamed Fahmy, avaient déjà été arrêtés en 2013. Accusés d'avoir soutenu les Frères musulmans, ils avaient écopé de sept à dix ans de prison. Peter Greste est depuis rentré en Australie en vertu d'un décret présidentiel, tandis que ses compagnons doivent être rejugés.  

«Le régime autocratique et paranoïaque d’al-Sissi poursuit sa campagne de répression à l’encontre d’Al-Jazira, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSFNon contente de prononcer des condamnations à mort de masse contre ses opposants islamistes, l’Egypte poursuit sa terrible vindicte contre les journalistes qui déplaisent au régime, au premier rang desquels ceux de la chaîne qatarie. Berlin ne saurait prendre au sérieux les arguments de la justice égyptienne. Si la justice allemande devait extrader Ahmed Mansour, elle se mettrait à la solde d’un régime dictatorial et se déshonorerait.» Le journaliste est désormais libre. 

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