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La place des femmes en politique en Europe : encore un long combat à mener

70 ans après le droit de vote des femmes en France et par là-même le droit d'être éligible, quelle est la place des élues dans le paysage politique ? Malgré les progrès en matière de parité, notamment visibles dans le scrutin des départementales, la politique française reste un monde dominé par les hommes. Au-delà des contrastes Nord-Sud, chaque pays d'Europe a sa particularité.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
La présidente de Lithuanie Dalia Grybauskaite, la chancelière allemande Angela Merkel et la Première ministre de Slovénie, Alenka Bratuse.
 (News CN)

 

Ce n'est pas la peine de remonter très loin dans le temps car ce n'est qu'en 1944 que l'on accordait enfin le droit de vote aux femmes en France et par là-même le fait d'être éligible. Malgré un droit d'accès théoriquement égal aux hommes, les femmes n'ont eu dans les faits, qu'une place restreinte sur la scène politique jusque dans les années 2000.

Les hommes ont toujours laissé peu de place aux femmes et c'est la loi du 6 juin 2000 sur la parité qui a fait changer un peu la donne. Cette mesure a instauré des quotas pour l'accès aux mandats électoraux et comme par enchantement, le nombre d'élues a augmenté dans les assemblées.

Selon l'observatoire des inégalités, la représentation des femmes en politique a progressé lentement. En octobre 2014, l'Assemblée nationale comptait 27% de femmes, le Sénat 25%. Seul le gouverment Valls est parfaitement paritaire avec 8 ministres hommes pour 8 femmes, 7 secrétaires d'Etat hommes pour 7 femmes.

Mais la France a malgré tout pris du retard et doit le combler. Un retard que certains politologues expliquent par notre système électoral majoritaire à deux tours lequel serait une véritable machine à favoriser les élus bien implantés localement.


L'arrivée massive de femmes aux élections départementales en mars 2015 

Pour combler ce retard, une nouvelle loi a été votée en mai 2013 pour poursuivre l'objectif de parité qui avait commencé à être mis en œuvre depuis 2007. Ainsi, un nouveau mode de scrutin a été appliqué pour la première fois aux élections départementales. Deux conseillers départementaux ont été élus dans chaque canton avec des candidats en binôme, obligatoirement composé d'un homme et d'une femme.

Les hommes, souvent très implantés sur la scène locale laissent peu de place aux femmes dans la vie politique. Si dans certains départements, les conseillères fraîchement élues se sont faites remarquer, pas simple pour certaines, qui ont eu le sentiment  de faire seulement partie du décor. 


Malgré l'arrivée massive de femmes dans la vie politique lors des élections départementales, sur environ 18.000 candidats qui ont brigué le suffrage des Français, pour la première fois la moitié étaient des femmes, le monde politique reste en grande majorité masculin. 

Le «troisième tour», l'élection les 1er et 2 avril des présidents de conseils départementaux va être intéressant à analyser. Parmi les présidents sortants, 5% étaient des présidentes. Difficile d'imaginer que les mentalités aient évoluées au point que la moitié des départements français soient dirigés par des femmes au final !  

Et pourtant, les femmes ne sont pas dénuées de qualités en politique, comme l'explique Françoise Camusso, Maire de Seynod en Haute-Savoie. Celle qui jusqu'à présent était la seule femme à siéger à l'assemblée de sa région, se réjouit de voir ses collègues femmes arriver. Elle analyse les différences de comportements et d'attitude entre les hommes et les femmes en politique. 


Les particularismes de chaque pays Européens 

Plus que dans le monde économique, les progrès en matière de parité sont importants dans le monde politique. Si les femmes sont plutôt nombreuses dans les gouvernements européens, elles sont en revanche très minoritaires dans les parlements. Et malgré les a priori sur les différences nord-sud, certains pays réservent de belles ou à l'inverse de mauvaises surprises. 

A noter pour commencer que les trois seules femmes leaders de leur pays sur les 27 pays de l'Union sont plutôt du nord. L'Allemande Angela Merkel, la Danoise Helle Thorning-Schmidt et la Lituanienne Dalia Grybauskaité. 
 
Le seul pays qui fait concurrence à la France, où le gouvernement instauré par Francois Hollande est paritaire, est la Suède. Sur les 24 ministres suédois, 13 sont des femmes.
Deux autres pays nordiques offrent une représentation honorable des femmes dans le gouvernement, à savoir le Danemark avec 10 femmes sur 23 ministres, et la Finlande avec 9 femmes sur un total de 19 ministres.
Nos voisins Belges sont sur la bonne voie avec 39% de femmes qui siègent au parlement (contre 27% en France).

Les anglais misogynes?
Contrairement aux apparences, la représentation des femmes au Royaume-Uni s'est beaucoup dégradée. Depuis Margaret Thatcher, seule femme Premier ministre, le pays compte aujourd'hui 4 femmes parmi les 22 ministres du gouvernement conservateur de David Cameron. Au Parlement britannique, seuls les travaillistes arrivent à un bon résultat avec  81 femmes sur 177 députés. Pour les conservateurs et libéraux démocrates, les chiffres sont dérisoires. En clair, ces deux partis n'aiment pas voir de femmes dans leurs rangs. 

L'Espagne loin des clichés
Dans les pays d'Europe du Sud, la situation est plus contrastée. Loin des clichés, l'Espagne fait amende honorable avec 37% de femmes députés, alors qu'en Italie, malgré la constitution qui promet depuis 2003 un accès égal aux fonctions publiques, les femmes au parlement ne dépassent pas les 20%.

Comment expliquer cette différence entre deux pays latins, souvent considérés comme machistes ?

Après le mouvement féministe créé dans le pays dans les années 75, l'Espagne a lutté contre les inégalités entre les sexes à la sortie du franquisme. Le débat de société est tombé dans la sphère politique et le pays a vite donné de vraies responsabilités politiques aux femmes.

Contre toute attente, il est intéressant de noter que les pays de l'Union Européenne ayant fait partie de l'ancien bloc soviétique comme l'Estonie, la Slovaquie, la Lettonie, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie ne sont pas forcément à la traine. 

L'exemple vient de l'Est?
Contre toute attente, il est intéressant de noter que les pays de l'UE ayant fait partie de l'ancien bloc soviétique comme l'Estonie, la Slovaquie, la Lettonie, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie ne sont pas forcément à la traîne. En Lettonie, les femmes représentent 21% des parlementaires, en Pologne 20,2% et en Slovaquie 19.3%. Un fait qui s'explique vraisemblablement dans l'héritage communiste. Dalia Grybauskaite a même été réélue en mai 2014 à la présidence de la République de Lituanie. A 53 ans, c'est la première femme, souvent comparée à la Dame de fer, Margaret Thatcher, a avoir été élue en 2009 à ce poste de la petite république balte.

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