IVG : en Allemagne, les défenseurs de l'avortement se heurtent toujours à un article du Code pénal hérité du régime nazi
Les médecins allemands pourront signaler le fait qu'ils pratiquent l'IVG, mais l'information restera limitée, en raison du maintien d'un article du Code pénal datant de 1933.
"Ce compromis n’est pas un compromis", s'exclame la gynécologue allemande Kristina Hänel. "Certes, il nous autorise à mentionner sur nos sites internet si nous pratiquons ou non l’avortement, mais rien de plus", déplore ce médecin. Elle a été condamnée à 6 000 euros d’amende, en 2018, pour avoir simplement écrit sur son site internet qu’elle réalisait des avortements.
Dans le pays, la gynécologue est devenue le visage des Allemandes qui se battent pour légaliser l’interruption volontaire de grossesse et mieux informer les femmes. Un nouveau texte sur l'IVG, destiné à assouplir la législation, est soumis, mercredi 6 février en Conseil des ministres, mais il ne change pas grand-chose, affirme Kristina Hänel. "Ma condamnation ne sera pas annulée. Je vais devoir aller devant la plus haute juridiction pour que la loi change enfin en Allemagne", poursuit la gynécologue de 61 ans.
L'article 219a interdit la promotion de l'IVG
En Allemagne, cela fait déjà presque cinquante ans que les militantes pro-IVG demandent la suppression de l'article 219a du Code pénal, une abrogation que ne prévoit pas le nouveau projet de loi. Il s'agit d'un article adopté en mai 1933 peu après l'accession au pouvoir d'Adolf Hitler, qui qualifie de délit la promotion de l'IVG. Si bien que même à Berlin, dans la région capitale, seuls quatre ou cinq médecins affichent clairement la couleur sur leur site web. Ce n’est pas le cas du docteur Christiane Tennhardt, qui pointe l'ambiguïté de la situation et la difficulté d'informer les femmes. "À un moment, ça en devient idiot. Même avec ce projet du gouvernement, je pourrais juste écrire : 'Mesdames, je pratique des IVG'. Et rien de plus. Franchement, on se croirait à la maternelle !", dit-elle.
En attendant le débat sur ce texte au Parlement, cette gynécologue préfère rester discrète et s’en tenir sur son site à ce message mystérieux : "Prenez rendez-vous avec moi, je ne vous laisserai pas seule."
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