Deux femmes sont face à face. L'une porte la main sur l'autre. La photographie a été prise par le jeune Henri Cartier Bresson en juin 1945. La scène se passe en Allemagne dans un camp de transit créé par les Alliés pour les ex-prisonniers de guerre et les déportés qui rentrent chez eux. Une femme est amenée par un garde devant un jeune homme, un Hollandais de 23 ans, directeur provisoire du camp. La femme, belge, est une informatrice de la Gestapo qui s'est cachée au milieu de la foule. Face à elle, l'une des prisonnières a reconnu celle qui l'avait dénoncée. La colère monte, elle la frappe. Une image crue et réaliste Le photographe déclenche son appareil à la seconde où la violence explose. C'est l'instant décisif qu'Henri Cartier Bresson traquera toute sa vie. Une autre photographie montre la fin de l'histoire. Devant une assistance satisfaite, la même espionne est sonnée. Elle vient d'être tabassée à coups de gourdin par son accusatrice, qui ne contient plus sa colère. Avec cette victime qui rend la justice elle-même, Henri Cartier Bresson nous montre une image crue et réaliste de la Libération.