: En images Allemagne : la mine de charbon de Lützerath, symbole de l'opposition aux énergies fossiles
Elle a passé quelques heures en garde à vue. Greta Thunberg a été interpellée, mardi 17 janvier, par la police parmi un groupe de manifestants qui protestaient contre l'extension d'une mine de charbon qui doit prochainement engloutir le village de Lützerath, dans l'ouest de l'Allemagne.
>> Allemagne : le village de Lützerath résiste à l'exploitation d'une mine de charbon
L'activiste écologiste suédoise se trouve dans le pays depuis quelques jours, pour y soutenir les opposants au projet d'extension d'une mine de lignite à ciel ouvert. Ce chantier impliquerait la disparition du village de Lützerath, situé dans le bassin rhénan. Franceinfo revient sur ce qui s'est passé ces derniers jours dans ce hameau abandonné, devenu un symbole de l'opposition aux énergies fossiles.
Le village de Lützerath en cours d'évacuation
Toute l'Allemagne a les yeux rivés sur Lützerath. Ce village de l'ouest du pays, qui se situe entre Cologne et Düsseldorf, doit disparaître pour permettre l'extension d'une mine de charbon à ciel ouvert nommée Garzweiler II et détenue par le groupe énergétique allemand RWE.
Son extension, prévue depuis plusieurs années, est jugée nécessaire pour la sécurité énergétique de l'Allemagne, qui doit compenser l'interruption des livraisons de gaz russe. De leur côté, les activistes environnementaux estiment que les réserves actuelles de lignite sont suffisantes et dénoncent de la part de l'Allemagne, au travers de ce projet, un grave renoncement à ses engagements climatiques.
Le 11 janvier, la police a lancé une vaste opération d'expulsion de Lützerath, occupé depuis 2020 par des militants qui y ont installé une ZAD et bloquent l'avancée des travaux de la mine, située aux abords du village. Ce jour-là, plusieurs centaines d'activistes étaient présents "pour opposer une résistance aux quelque mille policiers dépêchés par la région pour évacuer les lieux", rapporte Le Monde.
Depuis le début de cette opération, qui doit durer plusieurs semaines, des arbres ont été abattus, de nombreuses cabanes construites en hauteur par les activistes ont été vidées de leurs occupants, tout comme les bâtiments dans lesquels ils vivaient retranchés depuis deux ans.
Des activistes mobilisés contre l'extension d'une mine à charbon
C'est en soutien à cette occupation, et pour protester contre l'évacuation, que le village a attiré des milliers de manifestants samedi, lors d'une mobilisation organisée sur le site de la mine de charbon, et symboliquement menée par l'activiste suédoise Greta Thunberg.
"Il est honteux que le gouvernement allemand conclue des accords et des compromis avec des entreprises telles que RWE", a lancé samedi Greta Thunberg depuis une tribune. "Le charbon de Lützerath doit rester dans le sol", a-t-elle plaidé, appelant à ne pas sacrifier le climat "à la croissance à court terme et à l'avidité des entreprises".
Face à elle, une foule de manifestants formant une mer d'anoraks et de parapluies tendait des pancartes affichant "Stop au charbon" ou encore "Lützerath vit!". Outre Greta Thunberg, l'activiste allemande Luisa Neubauer ou encore la militante française Camille Etienne étaient notamment présentes, comme cette dernière le raconte dans Le Club de Mediapart. Au total, les organisateurs du mouvement ont affirmé que 35 000 personnes s'étaient rassemblées dans le village ces derniers jours, tandis que la police a évalué leur nombre à 15 000.
Des affrontements entre activistes et forces de l'ordre
Le samedi de mobilisation s'est poursuivi jusqu'à la nuit tombée malgré la pluie, la boue et le vent soufflant en tempête. Dans l'après-midi, le face-à-face s'est vite tendu avec les policiers. Plusieurs manifestants ont accusé les forces de l'ordre d'avoir réprimé avec "violence" les rassemblements, qui ont dégénéré en affrontements, samedi. Le collectif Lützerath Lebt ! a fait état de dizaines de blessés dans les rangs de militants, notamment à cause de morsures de chien et des canons à eau.
Au moins une vingtaine de militants ont été conduits à l'hôpital, a déclaré Birte Schramm, une secouriste du mouvement d'occupation du village, citée par l'AFP. Elle précise que certains d'entre eux, "battus par les policiers à l'estomac et sur la tête", souffraient de blessures "pouvant mettre leur vie en danger".
En marge de la manifestation, des groupes de militants anti-charbon ont également cherché à s'approcher du précipice, une zone interdite et dangereuse, ont déploré les forces de l'ordre. "Certaines personnes sont entrées dans la mine. Eloignez-vous immédiatement de la zone de danger !", a notamment tweeté la police. Elle a affirmé de son côté, dimanche, que quelque 70 de ses agents avaient été blessés la veille.
Greta Thunberg et plusieurs autres militants interpellés
Les derniers militants écologistes qui protestaient ont ensuite été délogés par la police lundi. Les deux activistes restants, qui étaient réfugiés depuis plusieurs jours dans des tunnels creusés sous le village, sont ressortis à la surface en fin de matinée, selon une journaliste de l'AFP.
La mobilisation ne s'est pas arrêtée pour autant. Les actions de protestation se sont poursuivies mardi avec des occupations de voies de chemin de fer, des blocages de routes et de bâtiments, notamment dans l'ouest de l'Allemagne. L'activiste écologiste suédoise Greta Thunberg et d'autres manifestants ont passé quelques heures en garde à vue mardi, après avoir été interpellés par la police pour avoir continué à protester.
Le groupe "a passé plusieurs heures en garde à vue", a annoncé une porte-parole de la police à l'AFP, en ajoutant que les militants anti-charbon s'étaient dirigés "vers le bord de la mine". "Ils ont été transportés en bus hors de la zone dangereuse", leur identité a été vérifiée, puis ils ont été relâchés, a précisé un porte-parole de la police locale.
Le mouvement de jeunes activistes pour le climat Fridays For Future France a apporté son soutien à Greta Thunberg : "Cette interpellation est le symbole du vieux monde qui résiste face à la jeunesse qui plaide pour un avenir vivable et décarboné", dénonce le groupe dans un communiqué.
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