Droits de l'homme : l'Allemagne gèle ses livraisons d'armement à la Turquie

Le gouvernement allemand a décidé de geler des livraisons d'armement prévues à la Turquie, rapporte le quotidien Bild (en allemand), vendredi 21 juillet, en raison du conflit qui oppose les deux pays au sujet du respect des droits de l'homme. Après la mise en détention de plusieurs militants en Turquie, dont un Allemand, Berlin a donc encore durci sa position à l'égard d'Ankara.

>> Turquie : les juges maintiennent en prison des militants d'Amnesty International

Le bras droit d'Angela Merkel à la chancellerie allemande, Peter Altmaier, n'a voulu ni confirmer ni infirmer ces informations, mais il n'a pas exclu de nouvelles mesures de rétorsion contre la Turquie, après des sanctions économiques évoquées la veille. "Nous allons à tout moment examiner si de nouvelles mesures sont nécessaires", a-t-il déclaré sur la chaîne ZDF (en allemand), soulignant que la "réorientation" de la politique allemande à l'égard d'Ankara était un "processus" sur la durée.

Si le gel des livraisons était confirmé, il s'agirait d'une nouvelle escalade entre deux Etats alliés sur le plan militaire au sein de l'Otan. Selon plusieurs médias, l'Allemagne a déjà bloqué depuis début 2016 onze exportations "d'armes de poing, de munitions ou de composants d'armement" à destination de la Turquie. Berlin redoute en effet qu'elles soient utilisées dans le cadre de la répression contre des opposants au régime, visés par des purges massives engagées depuis la tentative de putsch de juillet 2016.

La Turquie "rappelle la RDA", assène un ministre

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, poids lourd du gouvernement, a même comparé la Turquie du président Recep Tayyip Erdogan à la dictature communiste en RDA. Il a notamment évoqué des "arrestations arbitraires" et le non-respect des "règles consulaires minimales", dans le quotidien Bild. "Cela me rappelle la situation qui existait autrefois en RDA. Quand tu te déplaçais là-bas, les choses étaient claires : s'il t'arrivait quelque chose, personne ne pourrait rien pour toi."

Berlin a également renforcé ses mises en garde concernant les déplacements en Turquie, en pleine saison touristique, et a menacé de bloquer ses aides aux investissements ou exportations dans ce pays. Peter Altmaier a confirmé que son gouvernement voulait aussi obtenir à Bruxelles le gel de fonds européens destinés à la Turquie dans le cadre de son rapprochement avec l'UE. En principe, quelque 4,45 milliards d'euros sont prévus pour la période courant de 2014 à fin 2020, mais seulement 200 millions d'euros ont été versés à ce jour.