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Attaque au camion à Berlin: la presse allemande reste prudente

Beaucoup de questions, et très peu de réponses quelques heures après l’attaque qui a frappé le 19 décembre 2016 le marché de Noël à Berlin, faisant au moins 12 morts et une cinquantaine de blessés. Avec circonspection, la presse allemande résume notamment «ce que nous savons et ne savons pas sur l’attaque». En évoquant la piste terroriste.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Sur les lieux de l'attentat de Berlin le 20 décembre 2016 (AFP - Tobias Schwarz)

Sur toutes les unes, des photos du camion qui a foncé dans la foule. «Terreur devant la Gedächtniskirche», l’église du Souvenir, résume le quotidien de Munich Die Süddeutsche Zeitung (centre gauche), qui évoque «la dévastation sur le marché de Noël au coeur de la partie ouest de Berlin».

La presse exprime le choc et l’émotion ressentis en Allemagne après le drame. Cité par Der Spiegel, le grand hebdomadaire allemand, le président fédéral Joachim Gauck a été l’un des premiers politiques à réagir, tout en sobriété, sur ce «terrible évènement» en faisant part de sa solidarité avec les victimes. Le journal rappelle dans le «chapeau» de son article sur les réactions, que «le président français François Hollande a expliqué que son peuple partageait la tristesse des Allemands». La France, elle aussi, très touchée par le terrorisme depuis deux ans.

L’heure n’est pas encore forcément aux analyses en profondeur. Une exception : le journal populaire Bild, qui utilise les photos les plus chocs, consacre un article à «la mathématique de la terreur». «Les attaques de terreur de Berlin et de Nice montrent comment le terrorisme global s’est développé depuis le 11 septembre 2001», explique Bild. «A première vue, l’attentat donne l’impression d’un geste fou et tragiquement couronné de succès commis par un terroriste amateur. Pas d’explosion spectaculaire, pas de commando de la mort qui parcourt les rues avec des kalachnikovs», explique le quotidien. Et de rappeller combien le terrorisme s’est adapté à l’ère numérique en se fondant dans «la gigantesque masse des données» qui parcourt les réseaux informatiques.

Devant l'église du Souvenir (Gedächtniskirche), ruine de la Seconde guerre mondiale, à Berlin, le 20 décembre 2016 à Berlin, le 20 décembre 2016 (AFP - Tobias Schwarz)

«Possiblement identifié»
Mais la plupart du temps, la presse reste très prudente par rapport aux informations dont elle dispose. Le Süddeutsche rapporte que la police a explicitement «mis en garde contre les rumeurs» circulant notamment sur les réseaux sociaux.

«Le suspect pourrait être un Pakistanais âgé de 23 ans», «arrivé en Allemagne début 2016», résume Der Spiegel. «Le suspect a été possiblement identifié», observe Die Frankfurter Allgemeine Zeitung (centre droit) : «Selon les services de sécurité, il est arrivé en Allemagne comme réfugié et a utilisé plusieurs noms d’emprunt». Dans Die Zeit, hebdomadaire d’analyse, un «chercheur sur le terrorisme», Marc Sageman, tient pour vraisemblable que l’évènement soit un acte de «violence politique». A ses yeux, les auteurs de tels actes, «organisés en groupes, sont rarement des personnes souffrant de maladies mentales».

D’une manière générale, pour l’instant, on observe peu de questionnements par rapport aux migrants et aux réfugiés venus très nombreux dans le pays depuis 2015. «Après un drame comme celui de Berlin, on veut comprendre ce qui reste incompréhensible. Et l’on veut savoir ce qui n’est pas encore connu. Dans une telle situation, ce qui compte, c’est la patience», estime Die Zeit.

Il ne faut pas faire de «cadeau à la terreur», objecte un «commentaire» du Süddeutsche. Le quotidien bavarois cite le journaliste français Antoine Leiris qui a perdu sa femme lors de l’attaque du Bataclan à Paris en novembre 2015. Et écrivait sur sa page Facebook: «Vous n'aurez pas ma haine». Le journal d'Outre-Rhin écrit de son côté: «La haine est une force terrible. La haine rend aveugle. Celui qui hait ne voit plus l’être humain (…). Il ne voit plus que ces êtres humains qu’il est en train de tuer avec son camion, achètent des cadeaux de Noël pour leurs enfants. Il ne voit plus que les être humains qu’il assassine sont des des êtres humains comme lui, qui comme lui ont des problèmes».  

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