Allemagne : le chancelier Olaf Scholz sous le feu des critiques pour sa visite en Chine
La visite d'Olaf Scholz en Chine - la première d'un dirigeant européen depuis 2019 - n'en finit pas d'alimenter les critiques, à l'international comme au sein de sa propre coalition. Le chancelier reste, lui, déterminé à soigner les relations avec le premier partenaire commercial de l'Allemagne.
La visite ne durera pas plus de 12 heures, politique zéro covid oblige, mais n'en sera pas moins tendue. Olaf Scholz marchera sur des œufs pour son déplacement en Chine vendredi 4 novembre, le premier d'un dirigeant européen depuis 2019. Malgré les nombreuses critiques, le chancelier allemand n'a pas varié sa ligne et entend prolonger les relations diplomatiques avec Pékin, des relations façonnées par les 16 années de pouvoir d'Angela Merckel (2005-2021).
Voyage controversé
Les piques sont d'abord venues de ses alliés européens, qui pour certains cherchent à prendre leurs distances avec la Chine en raison de sa proximité avec la Russie. Ils pointent aussi les menaces contre Taïwan et la répression contre la minorité ouïghoure. Les critiques ont fusé également au sein même de la coalition du chancelier, avec les avertissements de ses ministres. Robert Habeck, à l’Économie, qui demande moins de naïveté à l’égard de Pékin. Annalena Baerbock, la ministre des Affaires Étrangères, met, elle, en garde contre le risque de dépendance à l’égard de la Chine, comme ce fut le cas avec la Russie et son gaz.
La Chine, un partenaire moins fiable, moins fréquentable pour l’Occident ? Peut-être, mais pas pour Olaf Scholz, qui a entendu toutes ces critiques depuis qu’il a annoncé son voyage, fin octobre. Le chancelier a fait cavalier seul et n’a pas envisagé un instant d’annuler son déplacement. Autre sujet de controverse : le timing de cette visite, qui intervient deux semaines après le congrès du Parti communiste chinois (PCC) lors duquel XI Jinping a été reconduit au pouvoir. Le déplacement d'Olaf Scholz pourrait alors être perçu comme un adoubement du président chinois.
Un partenaire économique incontournable
Pour comprendre la détermination du chancelier, il faut rappeler les intérêts économiques qu'entretient l'Allemagne avec la Chine. L'empire du Milieu est le premier partenaire commercial de Berlin. Olaf Scholz estime qu’il serait compliqué pour son pays de se passer de ces échanges. Plus de 5 000 entreprises allemandes ont des intérêts en Chine, dont les principaux constructeurs automobiles qui y exportent jusqu’à 40% de leur production comme Volkswagen et étendent encore leur présence.
Les secteurs concernés sont multiples, de l'industriel Siemens au fabricant de tronçonneuses Stihl en passant par le géant des bonbons Haribo. Comme à l’époque d’Angela Merkel, Olaf Scholz est accompagné d’une délégation d’industriels dont le patron du groupe de chimie BASF qui a d’ailleurs appelé à cesser le "China bashing", c'est-à-dire les piques répétées contre la Chine.
Pour faire taire les critiques, Olaf Scholz a assuré qu’il évoquera tous les sujets, y compris les plus controversés. Mais pas sûr qu’il ait le temps d’aborder toutes ces questions, lors de ce voyage éclair. Il ne restera sur place que 12 petites heures.
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