A Strasbourg, Hollande livre sa conception de l'Europe
"François
Mitterrand, il y a 17 ans, demandait à ceux qui l'écoutaient de tout faire pour
que les Européens aiment l'Europe. Nous sommes loin du compte " : c'est
un véritable programme pour l'Europe qu'a révélé François Hollande ce mardi à
Strasbourg devant les députés du Parlement européen.
Le discours du président
français, au départ prévu pour porter sur la politique économique et budgétaire
que doit mener l'Union Européenne, s'est finalement étendu à l'ensemble de la
politique européenne. "Au-delà des choix budgétaires, c'est une
conception de l'Europe qui est en débat, et je vais vous livrer la mienne "
a déclaré François Hollande.
L'Europe ne peut se
contenter d'être un marché, un budget, une monnaie, aussi précieux soient ces
instruments. Elle ne peut pas non plus être une somme de traités (...). L'Europe,
parce que c'est son histoire, est avant tout une volonté politique,
c'est-à-dire un engagement où chacun accepte l'équilibre des droits et des
obligations. Un projet où l'on ne peut pas discuter sans cesse des acquis et
remettre tout en cause à chaque étape.
Une Europe "différenciée "
?
François Hollande a appelé
à un débat sur l'Europe, à l'occasion des élections européennes prévues en 2014.
A cette occasion, il préconise, une réorganisation de l'architecture de l'Union,
sans pour autant parler d'Europe "à deux vitesses". "Je
plaide pour une Europe différenciée, une Europe où des Etats décident d'aller
de l'avant au-delà du socle substantiel des compétences communes ",
affirme-t-il, prenant l'exemple de l'espace Schengen ou de la zone Euro, qui
n'engagent pas l'ensemble des Etats.
Pour le président de la
République, la coopération européenne doit s'étendre, notamment en matière de
Défense. "Nous devons avoir la lucidité indispensable pour avoir une
défense européenne, la France y est prête " a-t-il déclaré. "L'Europe
doit prendre sa part du combat pour la démocratie et la dignité humaine ",
ajoute-t-il, évoquant l'intervention de la France au Mali : "J'ai fait
ce choix au nom de la France parce que c'était notre responsabilité (...) mais
cette décision je l'ai prise aussi au nom de l'Europe et de la communauté
internationale et je veux ici remercier le parlement européen pour le soutien
et la compréhension dont il a fait preuve ".
La culture, les questions
de droit d'auteur, sont aussi des domaines dans lesquels l'Europe doit définir
une marche commune, selon François Hollande, de même que l'enjeu climatique. A
ce titre, le chef de l'Etat a indiqué que la France est prête à accueillir la
conférence sur le climat de 2015.
"Faire des
économies, oui ; affaiblir l'économie, non"
Attendu au départ sur les
questions économiques, François Hollande a tout de même détaillé les
orientations qu'il propose pour l'Europe en matière budgétaire notamment. Une
politique orientée autour de quatre principes, à savoir la protection des
politiques communes agricole et de cohésion, le respect du pacte de croissance
défini en juin 2012, la défense des plus touchés par la crise, et un système de
ressources plus juste et plus lisible.
Même s'il estime qu'un
compromis européen est possible, "il va falloir raisonner ceux qui
veulent amputer le budget européen au-delà de ce qui est acceptable ",
a déclaré François Hollande. Il appelle également à la mise en place d'une
politique de change pour la zone Euro, estimant que la monnaie européenne est
"vulnérable à des évolutions irrationnelles dans un sens ou dans un
autre ".
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