A Londres, un député de Varsovie passe une semaine dans la peau du "plombier polonais"
Il prépare un rapport dans lequel il expliquera "ce qui fonctionne au Royaume-Uni et doit être importé en Pologne".
"J'ai vécu trois jours comme ça, mais ce n'était pas bon pour ma santé. Je n'avais pas de quoi manger correctement." Afin de comprendre pourquoi des dizaines de milliers de ses compatriotes rejoignent chaque année le Royaume-Uni, Artur Debski, élu polonais du parti d'opposition de centre gauche Twoj Ruch (Ton Mouvement) a tenté de vivre dans les conditions de ses compatriotes migrants : dans la peau du "plombier polonais", avec 100 livres (120 euros) par semaine, logement compris.
Le député a échoué, dépensant le double de ce qu'il devait, a-t-il confié lundi 21 avril. Mais il prépare désormais un rapport dans lequel il expliquera "ce qui fonctionne au Royaume-Uni et doit être importé en Pologne".
Débrouille et entraide
Arrivé le 5 avril à l'aéroport de Stansted, au nord de Londres, à bord d'un vol à bas coût payé 25 euros, Artur Debski passe ses deux premières nuits chez une Polonaise rencontrée sur Facebook quelques jours plus tôt, moyennant 28 livres (34 euros) petit déjeuner inclus, mais confort sommaire. Toujours via les réseaux sociaux, il rencontre un compatriote qui se propose de l'héberger gratuitement. C'est aussi "un Polonais installé ici" qui lui trouve un travail.
"En tout, j'ai gagné 284 livres [345 euros]. J'ai travaillé deux jours sur un chantier avec un marteau et quatre à traduire des documents de l'anglais vers le polonais." Soit 6,31 livres (7,67 euros) de l'heure, le salaire minimum. "C'était la première fois que j'avais un patron", s'amuse l'ancien homme d'affaires de 45 ans, reconverti en politique depuis 2011. Si en Pologne, certains ont jugé sa démarche populiste, il assure qu'à Londres "tous les Polonais m'ont dit que c'était une bonne idée." Et "parmi eux, 80% m'ont confié vouloir rester vivre ici."
Sur la centaine de Polonais qu'il dit avoir rencontrés, Artur Debski concède toutefois avoir croisé neuf SDF dans un foyer pour sans-abri.
Un débat qui doit avoir lieu en Pologne
"[Au Royaume-Uni], il y a moins de restrictions. Le système favorise la création de richesses", explique Artur Debski. Le député estime par ailleurs que le débat sur les migrants polonais doit d'abord avoir lieu en Pologne. Ainsi, il réfléchit à la création de postes de députés représentant les Polonais de l'étranger. Sur 38 millions de Polonais, "plus de deux millions (...) vivent à l'étranger". D'ailleurs, "en 2013, pour la première fois depuis la deuxième guerre mondiale, nous avons eu plus de décès que de naissances", s'inquiète l'élu.
Il envisage enfin de créer un centre de recherche de Polonais vivant à Londres. "Je suis sûr qu'ils auraient de bonnes idées", explique-t-il. Il dit désormais avoir compris pourquoi plus de 500 000 Polonais se sont installés au Royaume-Uni depuis l'entrée de la Pologne dans l'Union européenne en 2004, faisant du polonais la deuxième langue la plus parlée outre-Manche.
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