A Davos, Angela Merkel plaide pour plus d'Europe
S'il fallait un signe de plus du leadership de l'Allemagne en Europe, la prestation d'Angela Merkel à Davos en fera office. Désignée femme la plus puissante du monde par le magazine américain Forbes , la chancelière allemande s'est offert le luxe d'une interview trans-européenne, parue dans six quotidiens de l'Union.
Elle y livre sa vision de l'Europe, répétée de manière plus pragmatique au forum économique mondial, dans la très chic station de sports d'hiver suisse. Une vision en réalité très partagée en Allemagne, et qui n'est pas si différente de celle du gouvernement Schröder, il y a dix ans.
Merkel pour l'Europe fédérale
En appelant Davos à "oser plus d'Europe ", elle ajoute qu'il faudra s'habituer "au fait que la Commission européenne, qui a déjà beaucoup de compétences, s'apparentera de plus en plus à un gouvernement ". Son portrait de l'Europe fédérale : une Commission tendant vers un gouvernement, un Conseil européen faisant office de Sénat et un Parlement plus fort, elle s'éloigne de la vision traditionnelle française, qui donne plus de pouvoirs aux chefs d'Etat aux dépends de la Commission.
Mais à Davos, c'est aussi le visage du rude et strict pater familias version germanique qu'Angela Merkel a présenté. Elle a fermement repoussé toute augmentation de la capacité des fonds de secours européens. Affirmant que la confiance était "la monnaie la plus importante qu'on puisse avoir dans le monde en ce moment ", elle prévient que l'Allemagne refuse "une situation dans laquelle nous promettons quelque chose que nous ne pouvons pas tenir au final " et estime que si l'Allemagne était attaquée sur les marchés, c'est toute l'Europe qui chancellerait.
Assouplissement du code du travail
La chancelière plaide pour le modèle allemand, avec des créations d'emplois, un assouplissement du code du travail, un effort de compétitivité et l'importance des exportations. Mais elle passe évidement sous silence les critiques de l'Organisation internationale du travail, qui accuse le système allemand de bas salaires et de dérégulation du marché du travail d'être la cause structurelle de la crise de l'euro, et pointe du doigt les écarts de revenus qui se sont creusés, constituant un frein à la croissance. Cette dernière critique d'ailleurs reprise à Davos.
Pour le reste, Angela Merkel reste telle qu'en elle-même, chantre de l'orthodoxie budgétaire et opposée à la mutualisation des dettes, à travers les "eurobonds". Des positions que ne partage pas l'opposition en Allemagne et qui feront débat lors des élections de l'an prochain. Elections qui, compte-tenu de la position de force de Berlin, détermineront pour une bonne part le cap qu'adoptera l'ensemble de l'Europe.
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