Cet article date de plus de sept ans.

A contre-courant, la Pologne avance l'âge de la retraite

Tous les Européens en rêvent, la Pologne l’a fait. Le gouvernement a en effet décidé d’avancer l’âge du départ à la retraite. C’était une des promesses du parti au pouvoir Droit et Justice (Pis). L’âge de départ à la retraite reste cependant élevé: 65 ans au lieu de 67 pour les hommes et 60 pour les femmes au lieu de 67.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Manifestation en 2012 contre la décision de reculer l'âge de la retraite à 67 ans prise par le précédent gouvernement. Parmi les manifestants réunis notamment par le syndicat Solidarnosc, Jaroslaw Kaczynski, le leader du parti au pouvoir en 2017. (JANEK SKARZYNSKI / AFP)

Cette mesure, qui a été votée par le parlement polonais fin décembre 2016 et promulguée début janvier, sera applicable en octobre prochain. Elle va a l’encontre de ce qui se fait dans la plupart des pays. C’était d’ailleurs le précédent gouvernement, centriste, qui avait décidé de l’allongement de la durée du travail jusqu’à 67 ans. «Nous avons tenu notre promesse, s'est réjouie la Première ministre Beata Szydlo. Nous nous sommes attaqués aux problèmes des Polonais ordinaires, au lieu de ceux des élites».

Entre 200.000 et 300.000 personnes pourraient bénéficier de la mesure.

Résultat, l’opposition crie au scandale et estime que cette décision met les finances du pays en danger. Pourtant, la Pologne affiche d’excellents résultats économiques avec une croissance de 3,6% en 2015. Elle prévoit une hausse du PIB de 3,4% en 2016 (même si la progression s’est ralentie en fin d’année).

Une partie des inquiétudes porte sur les capacités de financement du système social. Le pays connaît en effet un taux de natalité très faible (en 2013, 1,29 enfant par femme, ce qui place le pays derrière l’Allemagne et l’Italie… et 1,32 en 2014). La population du pays recule et en plus la Pologne connaît un phénomène d'émigration

Les taux de fécondité en Europe. Plus la couleur du pays est claire, plus le taux de fécondité des femmes est bas. (Pologne 1,32 enfant par femme; France 2,01, Italie 1,37...). (Eurostat)

Cette réforme des retraites s’ajoute à d’autres dépenses engagées par le gouvernement: une allocation mensuelle de 500 zlotys (113 euros) pour chaque enfant à partir du deuxième, qui coûtera cette année 17 milliards de zlotys (3,85 md EUR), et 23,6 milliards de zlotys en 2018. Cette allocation peut encourager la natalité. Par ailleurs, le gouvernement a fait passer une loi garantissant la gratuité de certains médicaments aux personnes âgées de plus de 75 ans. 

En Europe, il est de bon ton de critiquer le «populisme» du gouvernement conservateur polonais. Le pouvoir polonais a été en effet à la pointe du combat contre l’immigration avec le groupe de Visegrad et il a provoqué une crise en modifiant le fonctionnement de sa cour surpême. Il a aussi connu un sérieux échec dans sa volonté de lutter encore plus durement contre l’avortement. Mais cette majorité a été en partie élue sur le thème de la fracture sociale. Résultat, «le gouvernement développe une politique sociale extrêmement dépensière, qui vise à aligner le pays sur les standards occidentaux : vaste plan d’allocations familiales, construction de logements sociaux», note Le Monde.

Conservateur sur le plan sociétal, le gouvernement a réorienté la politique économique vers plus de social. Cela explique sans doute pourquoi il bénéficie toujours d'une bonne cote de popularité. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.