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A Berlin, "l'enfant des bois" racontait des salades

ALLEMAGNE - Le jeune homme était apparu en septembre 2011 à Berlin, affirmant avoir vécu cinq ans dans les bois avec son père. En réalité, il avait quitté peu auparavant les Pays-Bas.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Ray, photographié le 5 septembre 2011, alors qu'il venait de sortir de cinq années passées dans la forêt, affirmait-il. (POLIZEI BERLIN / AFP)

Il racontait avoir survécu avec son père cinq ans dans la forêt, isolé du monde. En réalité, l'histoire de "l'enfant des bois", apparu un beau jour de septembre dans les rues de Berlin, était une fable. La police allemande a annoncé, vendredi 15 juin, que des amis et sa famille néerlandaise l'avaient identifié. Majeur, il avait quitté son domicile quelques jours plus tôt.

L'histoire avait passionné l'Allemagne, un pays marqué, au XIXe siècle, par l'énigme de Kaspar Hauser. Cet adolescent de 16 ans, apparu en 1828 à Nuremberg, disait avoir été séquestré dans une pièce noire en n'ayant à manger que de l'eau et du pain. Cette fois, le jeune homme a affirmé qu'il s'appelait Ray, et il est apparu dans la capitale allemande. Retour sur un mensonge qui a duré dix mois.

Il explique que ses parents sont morts

Ray débarque le 5 septembre 2011 devant la mairie de Berlin, sac sur le dos, duvet sous le bras, comme le relate alors RTL. Il s'exprime principalement en anglais et affirmait ne pouvoir donner que sa date de naissance, le 20 juin 1994, et son prénom.

Le garçon explique que son père est mort dans une chute, puis qu'il l'a lui-même enterré. Il raconte avoir ensuite décidé de marcher cinq jours en direction du nord, s'orientant avec une boussole. Aux policiers, il précise que sa mère, "Doreen", est morte dans un accident de voiture. A la suite de ce décès, son père l'aurait alors emmené vivre dans la forêt, où ils dormaient sous une tente ou dans des caves.

Mais le jeune homme reste flou. Il ne précise pas dans quelle zone forestière il a vécu, ni l'endroit d'où il est parti pour rejoindre Berlin. Il semble s'adapter un peu trop rapidement aux téléphones portables et à l'ordinateur. Et puis les enquêteurs ne retrouvent pas la trace de l'accident décrit par Ray, pas plus que le corps du père.

Les policiers suspicieux

Pourtant, aucune trace d'ADN ne correspond à celles contenues dans le fichier des personnes disparues, et son dossier envoyé à un Interpol ne donne rien. La police allemande met en doute ses déclarations et décide de lancer un appel à témoin. Elle diffuse deux photos du jeune homme aux cheveux blonds, "âgé de 16 à 20 ans", qui a été placé sous tutelle des services de la jeunesse.

C'est ainsi qu'en début de semaine, une amie du jeune homme le reconnaît. Elle habite Hengelo, une ville des Pays-Bas de 80 000 habitants située à une vingtaine de kilomètres de la frontière allemande. Elle contacte la télévision publique néerlandaise NOS, qui alerte la police qui prend elle-même contact avec la belle-mère du jeune homme. Les policiers allemands de Gronau, à la frontière néerlandaise, reçoivent de leurs collègues berlinois des photos et "divers éléments", qu'ils présentent à la belle-mère. Le père est décédé en début d'année 2012 mais "sa belle-mère a pu le reconnaître à 100%", selon une porte-parole de la police allemande. 

La fin de la supercherie

Ray n'a pas passé cinq ans dans les bois. Sa disparition avait été signalée à la police début septembre 2011 par son père et sa belle-mère. "Ils nous avaient dit qu'ils se faisaient du souci", précise la porte-parole. Mais "aux Pays-Bas, quand on est adulte, on peut partir de chez soi, et ce n'est pas un problème quand on ne représente pas un danger pour soi-même ou pour les autres, souligne-t-elle. Il avait 19 ans quand il est parti, il pouvait faire ce qu'il voulait."

Reste le motif de la disparition. Elle reste peu claire, mais les témoins qui l'ont reconnu ont déclaré à la télévision néerlandaise qu'il avait "des problèmes personnels". La porte-parole s'est refusée à donner toute indication sur l'identité et l'environnement familial du jeune homme, invoquant "la protection de la vie privée".

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