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50.000 à 100.000 Irlandais ont manifesté dans le froid samedi à Dublin contre le plan de rigueur du gouvernement

Ils ont défilé au son des cornemuses des quais de la Liffey vers le GPO (General Post Office), lieu symbolique où avait été lue en 1916 la déclaration d'indépendance.Le plan de rigueur draconien annoncé mercredi par Dublin prévoit 15 milliards d'euros de réductions budgétaires et de hausses d'impôts d'ici 2014.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Le 6 novembre déjà, plusieurs milliers d'Irlandais manifestaient à Dublin contre les mesures d'austérité. (AFP)

Ils ont défilé au son des cornemuses des quais de la Liffey vers le GPO (General Post Office), lieu symbolique où avait été lue en 1916 la déclaration d'indépendance.

Le plan de rigueur draconien annoncé mercredi par Dublin prévoit 15 milliards d'euros de réductions budgétaires et de hausses d'impôts d'ici 2014.

Malgré un froid vif et des chutes intermittentes de neige, la mobilisation a été importante, à l'échelle d'un pays de quelque 4 millions d'habitants. "Il y a une voie plus juste et meilleure", proclamait un bannière. "L'Eire n'est pas à vendre, pas au FMI", assurait une autre.

Peu après la fin de la manifestation principale, une centaine de personnes, appartenant notamment au mouvement anarchiste "Workers Solidarity Movement", se sont regroupées devant le Parlement irlandais, lançant quelques bouteilles de bière, ou des boules de neige, aux forces de police en nombre. Le groupe s'est dispersé dans le calme en fin de journée.

"Il s'agit de sauver les gens, mais pas ceux à la tête des banques", avait lancé peu auparavant, sur un gigantesque podium érigé devant le GPO, Jack O'Connor, président du Siptu, premier syndicat irlandais.

Les ministres des Finances des 27 se réunissent dimanche à Bruxelles
Les ministres des Finances de la zone euro puis des Vingt-Sept se retrouvent dimanche à Bruxelles pour débattre du plan d'aide de l'UE à l'Irlande, a-t-on appris samedi de source proche du dossier à Paris.

Des sources européennes avaient déjà évoqué la perspective d'une telle réunion, précisant qu'il s'agissait d'approuver le montant de l'aide à l'Irlande, qui devrait tourner autour de 85 milliards d'euros, et de fixer les conditions à remplir par Dublin en échange.

Le président Nicolas Sarkozy a poursuivi samedi ses consultations "sur la situation de la zone euro" en s'entretenant par téléphone avec les dirigeants européens Silvio Berlusconi, José Socrates, Herman Van Rompuy et José Luis Rodriguez Zapatero. La chancelière allemande et le chef de l'Etat français ont souhaité jeudi soir un accord rapide dans les négociations sur la mise en place d'une aide.

Ce que prévoit le plan de rigueur
Les allocations chômage et familiales seront réduites, tout comme les retraites des fonctionnaires et le salaire minimum, et près de 25.000 emplois publics seront supprimés.

Ce plan de rigueur vise à ramener à 3% le déficit public irlandais, actuellement de 32% du Produit intérieur brut (PIB).

Il est présenté comme la condition sine qua non d'un vaste programme de l'Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI) visant à sauver l'Irlande, lourdement endettée après avoir dû renflouer ses banques criblées de dettes.

L'annonce d'un accord pour une aide internationale, qui devrait atteindre 85 milliards d'euros est attendue lundi matin, avant l'ouverture des marchés.
"Nous payons plus que les Grecs !"
Selon les médias nationaux, Dublin rembourserait ce prêt à un taux de 6,7%, largement plus que les 5,2% demandés à la Grèce, ce qui ne va pas manquer d'ajouter à la colère de la population. "Nous payons plus que les Grecs", titre l'Irish Sun. "Un taux d'intérêt punitif", juge l'Irish Independent.

"Les travailleurs ordinaires sont contraints de payer pour des banquiers, des promoteurs et des politiciens corrompus", enrage Eamon Doyle, numéro un du TEEU, premier syndicat dans l'ingéniérie.

Il faudra cependant surmonter plusieurs obstacles pour mobiliser les foules: la neige et la grêle qui tombaient samedi matin sur Dublin ; la résignation de nombreux Irlandais, qui se disent qu'il n'y a aucune alternative à l'austérité; et la crainte d'une répétition des violences survenues lors d'une manifestation d'étudiants, il y a quelques semaines.

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