5 mois plus tard... La Belgique toujours sans gouvernement
La Belgique bat son propre record. En 1987 déjà, elle butait sur des querelles linguistiques entre communautés flamandes et wallonnes. Elle avait mis exactement 148 jours à former son gouvernement.
A nouveau, depuis les législatives du 10 juin, les deux familles politiques victorieuses des élections tentent de former une "orange bleue" : un gouvernement unifiant démocrates-chrétiens et libéraux, majoritaires à l’issue des derniers scrutins.
Dans cette attente, c’est le gouvernement sortant qui assure les affaires courantes de l’Etat. Une situation politique inconfortable qui va jusqu'à mettre l’unité même du pays. Plus que jamais agitée par des revendications communautaires, la Belgique est prise depuis cinq mois entre les velléités d’indépendance des Flamands les plus radicaux et l’immobilisme défensif des Wallons.
Face à ce magma national, la stratégie d’Yves Leterme, chargé de former le gouvernement, est claire. Le Premier ministre "en attente" compte engranger un maximum d’accords sur des mesures économiques et sociales, telles l’immigration ou l’environnement. Avant d’en venir au nœud du problème.
Mais si la stratégie s’est révélée payante jusque là -on approchait d’un certain consensus- elle trouve ses limites ces derniers jours.
De nombreux francophones accusent Yves Leterme de mener sa politique ouvertement en faveur des Flamands et de militer pour l’octroi de nouvelles compétences aux régions, notamment en matière d’emploi et de fiscalité. Ces mesures leur permettraient de gérer leur imposante prospérité. Une prospérité qui contraste avec la difficile situation économique wallonne. Côté francophone, on refuse tout en bloc, on s’accroche à l’Etat fédéral et au passé d’un Etat unifié. Des drapeaux fleurissent aux fenêtres : "Touche pas à ma Belgique "
Bruxelles, ville francophone en territoire flamand cristallise les positions des uns et des autres (voir encadré).
Des positions qui "préparent les esprits" à une éventuelle division de la Belgique. C’est en tout cas l’opinion d’Elio Di Rupio, le président du Parti Socialiste belge. "Le fait que les Flamands veulent scinder le pays induit une tristesse indicible. Mais nous devons faire preuve de lucidité et réfléchir à la question d’un dessin commun entre Wallons et Bruxelles, car il arrivera un moment, même si on ne le souhaite pas, où la Flandre voudra voler de ses propres ailes."
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