Un vieux train figé, cloué au quai d'une gare oubliée. Un bijou d'architecture au service d'une ambition démesurée, composé de 365 fenêtres au total, réparties sur 8 000 mètres carrés de surface. C'est l'une des plus grandes gares d'Europe, devenue au fil des ans la plus vaste station fantôme du monde, perdue au beau milieu des Pyrénées espagnoles. Aujourd'hui, la gare attire surtout des curieux venus visiter l'étrange monument. Chaque été, Marisa Bona, guide de l'office de tourisme de Canfranc (Espagne), s'attache à expliquer, en espagnol et en français, l'origine de cette station inaugurée en 1928. "Le roi Alphonse XIII voulait montrer à l'Europe et surtout à la France que l'Espagne était modernisée", explique-t-elle à ses visiteurs du jour.L'ancienne gare pourrait devenir un hôtel de luxeSi le bâtiment est en ruines, le vestibule, lui, a eu le droit à un lifting. Des milliers de voyageurs y ont transité d'un train à l'autre de 1928 aux années 1960. Le hall de gare a été bâti comme un poste-frontière entre les deux pays. Derrière le grand guichet, le fonctionnaire travaillait ainsi en territoire français. L'histoire de cette gare est marquée par les relations entre la France et l'Espagne : la volonté de rapprochement d'abord, qui donne naissance à la ligne Saragosse-Pau. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Canfranc est aussi un carrefour stratégique. La province d'Aragon garde aujourd'hui l'espoir de revoir un jour des trains s'élancer vers l'Aquitaine. Elle s'est même lancée dans la construction d'une gare plus modeste. L'ancienne pourrait, elle, devenir un hôtel de luxe.