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"Pas de retour en arrière possible" : en Catalogne, les Barcelonais toujours dans la rue avant le référendum d'autodétermination

En Espagne, la tension ne cesse de monter à neuf jours de la date prévue pour le référendum d'autodétermination de la Catalogne, interdit par le pouvoir central. Des centaines de manifestants continuent de se rassembler vendredi à Barcelone.

Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des étudiants dans la manifestation pour le referedum d'autodetermination de la Catalogne, le 22 septembre 2017 à Barcelone. (JOSEP LAGO / AFP)

Le bras de fer entre les indépendantistes catalans et Madrid sur le référendum d'autodétermination se poursuit vendredi 22 septembre. Alors que le gouvernement espagnol se réunissait en conseil des ministres à Madrid, à Barcelone, des centaines de personnes manifestent devant le palais de justice où les six des 14 personnes arrêtées mercredi matin sont toujours en garde-à-vue. La tension ne cesse de monter à neuf jours de la date prévue pour le référendum. 

Ils sont de plus en plus nombreux regroupés derrière les barrières du palais de justice de Barcelone, vendredi. Plus d'un millier de personnes sont venues défier les juges et réclamer la libération immédiate des six fonctionnaires en garde-à-vue depuis 72 heures, comme la loi l'y autorise en Espagne. Ils ont été arrêtés mercredi quand des policiers de la Guardia Civil sont venus perquisitionner les locaux de l'administration catalane pour confisquer le matériel de vote.

De simples employés arrêtés

Les familles des gardés-à-vue ont été aperçues dans la matinée de vendredi, près du palais de justice. Elles sont visiblement très secouées car les six fonctionnaires interpellés sont de simples employés et non des figures politiques ou des activistes de l'indépendance catalane. 

"Ils n'ont commis aucun crime. Ils n'ont tué personne. Ils n'ont rien volé. La seule chose qu'ils ont faite, c'est de travailler en suivant les ordres du gouvernement et du parlement catalan pour que le peuple puisse décider démocratiquement de son futur. C'est ça, la justice espagnole ?", tempête Joan Maria Piqué, le porte-parole du gouvernement catalan.

C'est une honte que ces personnes soient détenues, privées de liberté, enlevées à leurs familles depuis quelques jours maintenant, simplement parce qu'ils ont préparé un vote. 

Joan Maria Piqué, porte-parole du gouvernement catalan

à franceinfo

D'après l'un des avocats des six détenus qui vient de s'exprimer devant les manifestants, tous devraient être libérés vendredi après-midi. Ils peuvent rentrer chez eux, mais ils restent poursuivis n par la justice espagnole pour trois chefs d'inculpation : désobéissance, préméditation et malversation.

"C'est un gouvernement franquiste"

Depuis les perquisitions menées mercredi, la tension est montée d'un cran. Dans toute la Catalogne, des rassemblements sont organisés. Mercredi, 10 000 Barcelonais ont manifesté sous les fenêtres du tribunal de Catalogne. Jeudi, ils étaient encore des milliers et certains y ont même passé la nuit. La mobilisation se durcit. "C'est un gouvernement franquiste", affirme un manifestant.

Plus loin, une femme parle de "fascistes". Les Catalans, qui estiment que c'est leur région qui fait vivre économiquement le reste du pays, laissent éclater leur colère. Les mots sont forts : les Catalans accusent le gouvernement espagnol de se comporter en dictateur. Mariano Rajoy, le Premier ministre, est décrit comme l'héritier de Franco (1939-1975).

Pour Jordi, qui a vécu les heures les plus sombres de l'Histoire, le gouvernement espagnol agit comme au temps de Franco. "Tous ces gens qui dominent maintenant, ce sont les mêmes familles qui ont toujours dominé l'Espagne, du temps de Franco." 

Aujourd'hui, au lieu d'utiliser les canons et l'armée, ils utilisent les juges et le corps des hauts fonctionnaires de l'État pour envahir un pays, la Catalogne, qui n'en veut pas !

Jordi, un manifestant

à franceinfo

"C'est un divorce consommé. Il n'y a pas de retour en arrière possible", assure de son côté, Oscar, qui participait au rassemblement jeudi soir. "Une femme battue ne demande pas la permission de divorcer, simplement à un moment elle dit : 'Ça suffit !' Nous, on en a marre d'être maltraité par Madrid", renchérit Merechel, une autre manifestante. 

La Catalogne maintient son référendum interdit

Le président de l'exécutif autonome catalan, Carles Puigdemont, a affirmé jeudi que son administration organiserait comme prévu un référendum sur l'indépendance de la région du nord-est de l'Espagne le 1er octobre. "Nous le ferons parce que nous avons des plans de secours en place pour nous assurer qu'il [le référendum] aura lieu, mais avant tout parce qu'il a le soutien de l'immense majorité de la population", a déclaré Carles Puigdemont dans une allocution télévisée.

En face, Madrid ne veut rien entendre : "Ce référendum est illégal". Le ministère de l'Intérieur a annoncé, vendredi, l'envoi de renforts de forces de l'ordre en Catalogne, en vue de l'organisation du scrutin.

Nouvelle mobilisation pro-referedum à Barcelone vendredi 22 septembre : le reportage de Gaële Joly

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