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Pourquoi les Espagnols vont devoir patienter avant d'avoir un gouvernement

Le Premier ministre sortant, Pedro Sanchez, est chargé de former un gouvernement. En attendant de chercher des alliés, le socialiste souhaite prendre son temps en attendant les prochaines élections, notamment européennes le mois prochain. 

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Pedro Sanchez après les élections législatives le 28 avril.  (C?ZARO DE LUCA / DPA)

Après la victoire des socialistes aux élections législatives en Espagne dimanche 28 avril, le pays va devoir encore attendre pour voir un gouvernement se former. Le paysage politique apparait fragmenté et le chef du gouvernement sortant, Pedro Sanchez, va devoir constituer un gouvernement de coalition. Une pratique inhabituelle pour la jeune démocratie espagnole qui, pendant plus de 40 ans, n'a connu que le bipartisme des socialistes et des conservateurs. 

Aucune majorité ne se dégage du scrutin 

Depuis dimanche, les calculatrices chauffent pour arriver au chiffre magique de 176 sièges qui correspond à la majorité absolue. Il s'agit d'un casse-tête inédit, note Claudi Pérez, journaliste politique à El Pais. "En Espagne, on n'a jamais vu ça. On vient déjà de passer trois à quatre ans d’instabilité avec des partis qui n’ont pas réussi à créer des alliances et à se mettre d’accord. Ça il faut que ça change, car on ne peut pas se permettre d’avoir trois à quatre ans d’instabilité". 

Pour éviter cette instabilité, les socialistes vont-ils s'allier avec la gauche radicale de Podemos ? Oui, mais ce ne sera pas suffisant car à eux deux, PSOE et Podemos cumuleraient 165 sièges au Congrès des députés. Il leur manquerait 11 sièges pour être majoritaire et ils devraient s'appuyer sur des petits partis comme les nationalistes basques (6 sièges) ou les séparatistes catalans (22 sièges).

Faut-il chercher l'appui des centristes ? Avec les 57 sièges du parti de centre droit, un tel gouvernement de coalition disposerait d'une majorité absolue (180 sièges). Mais cette perspective est rejetée par les deux camps. Ciudadanos préfère rester dans l'opposition.

Plus qu'une combinaison, le socialiste Pedro Sanchez cherche une combine pour faire sans les indépendantistes catalans qui pourraient lui réclamer en échange de leur soutien un référendum d'autodétermination. Pas question pour lui de se laisser piéger par de possibles alliés imprévisibles. 

Pedro Sanchez peut-il pour autant rester minoritaire et tenir la barre seul  avec l'appui parlementaire d'autres formations, "ce qui est assez improbable" selon Matthieu Pettihomme, spécialiste de l'Espagne. "Si c'est le cas, cela peut engendrer une certains instabilité puisque ce soutien sera très conditionné". 

Un calendrier électoral peu propice aux tractations

Rien ne devrait être réglé avant les futures élections municipales, régionales et européennes. Le 26 mai, en effet, les Espagnols retournent aux urnes pour les élections européennes mais aussi les municipales et de nombreuses élections régionales (12 sur 17). Ces élections locales et européennes seront donc déterminantes pour affiner le rapport de force. La campagne continue et va retarder d’autant les négociations pour former un gouvernement. 

Pedro Sanchez estime déjà que les indépendantistes catalans "ne sont pas fiables". Et le contexte de la campagne électorale ne risque pas d'atténuer leurs appétits, en particulier sur un référendum d'autodétermination que Sanchez refuse. Une alliance avec Podemos et Gauche Républicaine de Catalogne (ERC, 15 sièges), le plus modéré des deux partis catalans, lui donnerait pourtant une majorité de 180 sièges.

La session inaugurale de la nouvelle chambre basse du Parlement a lieu le 21 mai. Après consultation des chefs de partis, c'est formellement au roi Felipe de proposer au vote un candidat au poste de chef du gouvernement. Et le roi n'a pas de date butoir pour proposer un nom.

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