L’Allemagne va-t-elle boycotter les fraises, framboises et myrtilles espagnoles ?
L’Espagne pourrait être confrontée à la "sécheresse du siècle", selon l’ONG allemande Campact. Particulièrement menacé : le parc national de Doñana, où il n’a quasiment pas plu depuis deux ans, selon WWF Espagne. Or, en dépit des avertissements, le Parti populaire (PP, droite), au pouvoir dans la région, a déposé début mars un projet de loi soutenu par l'extrême droite, visant à régulariser 1 500 hectares de cultures illégales de fruits rouges, irrigués pour la plupart par des puits clandestins, dans la province de Huelva, première région exportatrice de fraises en Europe.
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La question de l’eau a déjà lourdement pesé sur les élections locales du 28 mai dernier en Andalousie. Et l’intervention de la puissante ONG allemande ne risque pas de calmer la polémique. Campact a en effet lancé une pétition pour que les consommateurs allemands boycottent les fruits rouges espagnols. L’ONG dénonce le risque d’assèchement de la réserve, l'une des zones humides les plus exceptionnelles d’Europe du Sud, fait-elle valoir, pointant du doigt la culture sous serre de ce que l’on appelle "l’or rouge" en Andalousie.
Faux, répond à ces accusations le président de l’association interprofessionnel de la fraise andalouse, Jose Luis Garcia Palacios, interrogé sur la radio espagnole Cadena Cope. "Le secteur des fruits rouges en Andalousie est probablement le secteur le plus économe en eau, en termes de mesures prises et de technologie, défend-il. Ces attaques nous paraissent effarantes, infondées et absolument fausses."
Une menace sur 100 000 emplois
Sur fond de crise sur la question entre le gouvernement central espagnol de gauche et l’exécutif andalou à droite, la question divise. Des invectives ont en effet eu lieu entre les deux partis, ce qui a fait réagir le conseiller régional à l’écologie, Ramón Fernández-Pacheco : "Quand les craintes des consommateurs allemands ont été rendues publiques, nous nous sommes retrouvés avec un président du gouvernement espagnol qui, plutôt que d'expliquer, défendre son pays, une région - aussi importante qu’est l’Andalousie - s’est mis du côté de ceux qui attaquent la région. C’est pour ça, j’insiste : trop c’est trop !", s’indigne l’élu. Et l'inquiétude grandit dans le sud du pays, le secteur des fruits rouges employant près de 100 000 personnes et représentant 8% du PIB de l’Andalousie.
Le journal El Pais a annoncé jeudi 1er juin qu’une délégation de députés du Bundestag se rendrait en Andalousie pour rencontrer gouvernement, organisations écologistes et producteurs pour parler de la "grave menace" qui pèse sur la zone.
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