: Reportage Vélo dans la boue, entraide et "des conserves et encore des conserves"... En Espagne, les sinistrés se débrouillent tant bien que mal pour organiser leur quotidien
En Espagne, une semaine après les inondations monstres dans la région de Valence, le bilan de 217 morts est toujours provisoire et la situation dans de nombreuses localités reste chaotique. Sur le pont qui sépare La Torre de Valence, le flot de volontaires armés de bottes, balais et bâtons est quasiment ininterrompu.
Parmi eux, se faufile Carlos, vélo et sac à dos chargé de vivres, avec du jambon, des pommes de terre, des yaourts pour les enfants. "C'est pour une collègue de travail, explique-t-il. Elle est là depuis mardi, elle peut marcher, mais avec deux enfants, c'est plus compliqué... On lui apporte ça avec les collègues. Elle ne peut pas sortir en voiture, c'est fermé. Tout le monde marche, les voitures sont au milieu de la route, tout est coupé", décrit-il.
Des pots de chambre improvisés déversés dans la rue
Au sol, la boue est tenace. Près d'une semaine après la catastrophe, le sol reste marron par endroits. Maria pousse difficilement son chariot : "J'ai pris ce que j'ai pu trouver, je n'ai pas de quoi faire la cuisine. Je n'ai pas de micro-ondes. J'ai seulement des conserves et encore des conserves...", souffle-t-elle.
Elle a tout perdu en moins de 10 minutes mardi dernier, il ne reste rien de son appartement au rez-de-chaussée. "Je n'ai plus d'électroménager, je n'ai plus de lit, je n'ai plus d'armoires..., énumère Maria. Le soutien-gorge que j'ai est plein de boue, la dernière culotte que je possède, c'est celle que je porte. Cette robe-là, c'est la voisine qui me l'a donnée, les bottes que je porte pareil. Hier, j'ai dormi chez les voisins, et je suppose que cette nuit je vais aussi dormir chez eux."
"On n'a pas de lit, on n'a rien !"
Maria, habitante près de Valenceà franceinfo
Elle explique aussi que les toilettes de son logement de fortune sont bouchées. Elle et ses voisins font leurs besoins dans un pot déversé à même la rue.
"D'un côté, il y a l'horreur et, de l'autre, la normalité"
Dans ce quartier de La Torre, il n'y a plus de bus, ni de métro, les routes sont largement impraticables. De l'autre côté du pont, une pharmacienne voit se succéder des habitants déboussolés : "D'un côté, il y a l'horreur et, de l'autre, la normalité. Les gens viennent à pied, en marchant. La protection civile ou la police nationale viennent ici avec les cartes des gens pour leur apporter leurs médicaments quand ils ne peuvent pas sortir. Les travailleurs ne peuvent pas tous venir, il y en a qui sont en congés forcés et d'autres qui ne peuvent pas venir parce que les routes sont bloquées", explique-t-elle.
Et si la boue quitte peu à peu les rues et les habitations, la colère, elle, persiste, avec le sentiment que les autorités n'ont pas été à la hauteur.
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