Reportage Un mois après les inondations en Espagne, le casse-tête des voitures disparues

Dans les zones sinistrées du Sud-Est, le déblaiement continue : il y a toujours de la boue dans les sous-sols et tout n’est pas réglé non plus pour les voitures emportées par les eaux. Il y en a 120 000 au total. Les autorités n’arrivent pas à faire face.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les véhicules enlevés dans les rues des villages sinistrés sont progressivement déposés dans la carrière de Picassent (ISABELLE LABEYRIE / RADIO FRANCE)

Le bras articulé du camion dépose une nouvelle carcasse sur la pile de la journée dans la gigantesque carrière de Picassent, dans la province de Valence. "On en a plus que prévu, explique le chauffeur, José, venu en renfort avec son camion depuis Almeria, en Andalousie. On nous avait dit 125, et on est déjà à 160. On fait de notre mieux mais on improvise pas mal", avoue-t-il. C’est ici que seront stockées, avant d’être détruites,  les voitures qui encombrent encore les rues des villages alentour.

"Certaines ont l’air en bon état mais dedans tout est foutu, explique l’employé. Les modèles récents sont bourrés d’électronique et l’eau et l’électricité, ça ne fait pas bon ménage…" Un couple débarque à l’improviste. L’assurance leur demande une photo pour évaluer les dégâts. Mission impossible. "Je ne sais pas où est ma voiture, je ne sais pas qui l’a prise, explique l’homme. Il n’y a pas de registre."

"On fait le tour des décharges, on demande s’ils n’ont pas le numéro de plaque enregistré quelque part. Je n’ai aucune info, aucune."

Mario, à la recherche de sa voiture

à franceinfo

Mario avait acheté une Ford Kuga l’an dernier pour 40 000 euros. "On n’avait remboursé qu’une petite partie du prêt, confie-t-il inquiet. On va finir par porter plainte auprès de la Guardia Civil. C’est possible qu’elle ait été volée", avance-t-il.

Volées et revendues en pièces détachées

Un mois après les inondations du 29 octobre qui ont fait près de 230 morts et des milliards de dégâts, le partage des tâches entre mairies, région et gouvernement reste confus. Samedi 30 novembre après-midi, une nouvelle mobilisation, qui promet d’être massive, a lieu à Valence pour réclamer la tête du patron de la région, accusé d’avoir failli à ses obligations.

Et certains profitent de la confusion. "Il y a beaucoup de grues pirates qui prennent des voitures, explique Zhaira Gomez qui dirige une entreprise de camions grues. C'est pour ça que les autorités ont commencé à mettre en place des points de contrôle où on doit montrer le bordereau d'expédition. Ça permet de savoir qui prend le véhicule. Sinon, ils les volent et revendent les pièces détachées à la casse. Ça marche très bien. Et le véhicule disparaît". Pour l’instant, les montagnes d’épaves font toujours partie du paysage. Et cela va durer plusieurs mois. 

L'après-inondations en Espagne : reportage d'Isabelle Labeyrie

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