: Reportage Inondations en Espagne : "Croient-ils qu'on va les applaudir ?", dénoncent des habitants de Paiporta en colère face au roi et au Premier ministre
Des images totalement inédites en Espagne. Le roi et la reine d’Espagne couverts de boue, la voiture du Président caillassée. La visite officielle du roi et du Premier ministre à Peiporta a failli tourner à l’émeute dimanche 3 novembre dans le sud-est du pays. La colère monte près d’une semaine après les inondations dévastatrices dans la région de Valence. Au moins 217 personnes sont mortes et les secours tardent à arriver. Le roi a littéralement été conspué aux cris d'"assassin !".
Le mot est fort mais à la hauteur du ras-le-bol de cette population qui vit depuis près de six jours les pieds dans la boue dans un décor d'apocalypse. "Assassin", car les autorités ont trop tardé mardi 29 octobre à donner l'alerte, accuse une femme, le visage marqué par la fatigue et le traumatisme. "Ils auraient dû nous prévenir avant le drame. Ils le savaient que le fleuve était en train de couler cinq villages derrière. Ils savaient que l'eau allait monter comme ça. Ils ne nous ont pas prévenus. L'alerte est seulement arrivée à 20 heures quand tout était inondé et que les gens étaient en train de mourir !", dénonce-t-elle.
"Ils ont eu de la chance"
Autour d'elle, des débris, des meubles éclatés, des voitures retournées, les dégâts sont toujours aussi colossaux, la population s'impatiente. Après le drame, c'est l'aide officielle qui a trop tardé à arriver selon un jeune homme.
"Hier, on a vu des camions propres, des pelleteuses de l'armée propres, ça, ce n'est pas du tout une gestion rapide et efficace."
Un jeune homme à Paiportaà franceinfo
Alors pour l'accueil plus que mouvementé du roi et du chef du gouvernement dimanche "bravo !", lance-t-il. Les habitants se félicitent et certains regrettent même d'avoir été absents à ce moment précis. "Ils ont eu de la chance finalement qu'on était en train de travailler, parce que nous, on avait des bâtons et des pelles".
Violence assumée
Face à la violence, la visite officielle a finalement dû être écourtée. En partant, la voiture du Premier ministre Pedro Sanchez a été caillassée, les vitres brisées et il s'est exprimé dans la foulée. "Au final, la majeure partie des citoyens veut trouver une solution, des engagements de nos institutions politiques et bien sûr, ils marginalisent et rejettent tout type de violences qui peuvent être perpétrées comme celles auxquelles nous avons pu assister malheureusement aujourd'hui."
Compartimos la angustia de la ciudadanía. Conocemos sus necesidades y tenemos claras las prioridades: salvar vidas, recuperar los cadáveres de las personas que han fallecido y reconstruir las zonas afectadas por la Dana.
— Pedro Sánchez (@sanchezcastejon) November 3, 2024
La violencia ejercida por unos pocos no nos desviará del… pic.twitter.com/MP0XJNsRrO
Ce n'est pourtant pas le discours majoritaire à Paiporta. "Et en plus que croient-ils ces gens-là ? Qu'en venant ici on va les applaudir ?", demande, par exemple, cette femme qui dénonce l'abandon des vivants, mais aussi des morts faute de secours. Dimanche encore, un corps a été retrouvé sous une carcasse de voiture, plus de cinq jours après les inondations.
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