Espagne : la Cour suprême autorise l'exhumation du dictateur Franco
Le gouvernement socialiste veut déplacer la dépouille de Franco de son mausolée, une gigantesque basilique dans la région de Madrid, qui draîne plus de 300 000 visiteurs.
Le débat, organisé à huis clos, aura duré un peu plus d'une heure. Et à la fin, la Cour suprême espagnole a décidé "à l'unanimité", mardi 24 septembre, de rejeter le recours de la famille de Franco. Les magistrats ont donc autorisé l'exhumation du dictateur de son mausolée situé près de Madrid.
Cet arrêt de la Cour valide la décision du gouvernement d'exhumer Franco de la Valle de los Caidos et de le réinhumer dans le cimetière plus discret d'El Pardo, au nord de la capitale espagnole, où est enterrée son épouse.
Cette décision ne signifie pas pour autant que l'exhumation aura lieu immédiatement. Les mêmes magistrats doivent en effet encore examiner trois autres recours. Mais, selon un porte-parole de la Cour, leur réponse devrait être "dans la même ligne". Et la famille peut encore tout à fait tenter un recours devant la Cour constitutionnelle.
Une guérilla juridique de la famille Franco
Dès son arrivée au pouvoir en juin 2018, le chef du gouvernement socialiste, Pedro Sanchez, avait fait de cette exhumation l'une de ses priorités. Et ce afin que le "Valle de los Caidos" ne soit plus un lieu d'apologie du franquisme. Mais la famille Franco s'est lancée dans une guérilla juridique. Et en juin, la Cour suprême avait décidé de suspendre l'exhumation, le temps d'examiner son recours, quelques jours seulement avant la date fixée par le gouvernement pour transférer la dépouille du dictateur.
Comme les descendants du dictateur mort en 1975, la Fondation nationale Francisco Franco a assuré qu'elle allait "continuer à lutter légalement jusqu'au bout pour que Franco reste là-bas". Cette fondation, qui défend farouchement "l'héritage" et la "mémoire" du dictateur, a déposé l'un des trois recours restant à examiner. Les deux autres ont été présentés par la communauté bénédictine gérant le mausolée et par l'Association de défense de la Valle de los Caidos.
En cas de rejet de son recours contre l'exhumation, la famille avait réclamé que Franco soit enterré dans le caveau familial de la cathédrale de l'Almudena, où est inhumé sa fille. Mais le gouvernement y était farouchement opposé car il craignait que cela ne la transforme en un nouveau lieu de pèlerinage franquiste, en plein centre de Madrid.
La décision de la Cour suprême intervient en pleine pré-campagne électorale, à un mois et demi des législatives du 10 novembre. En 2017, une large majorité de députés espagnols (198 sur 350) avait demandé que la dépouille de Franco soit transférée afin que le Valle de los Caidos ne soit "plus un lieu de mémoire franquiste et national-catholique".
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