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En Espagne, la «loi bâillon» a frappé

Une femme a été sanctionnée d'une amende pour avoir publié la photo d'une voiture de police garée sur une place pour handicapés. Cette sanction a été rendue possible grâce à la nouvelle loi, baptisée «loi baîllon» votée par le gouvernement Rajoy. Loi destinée à réprimer les manifestations et à accroître l'autorité de la police dans un contexte de contestation de la politique d'austérité.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Non à la «loi bâillon». Photo d'une manifestante protestant, le 30 juin 2015 à Madrid, contre une loi du gouvernement Rajoy, destinée à mieux contrôler les mouvements sociaux. (JAVIER SORIANO / AFP)

La scène se passe dans la petite ville de Petrer, dans la région d'Alicante. Une femme a posté sur sa page Facebook une photo d'une voiture de police garée sur une place réservée aux handicapés avec ce gentil commentaire : «tu te gares où tu veux et tu n'auras même pas d'amende». 

Mal lui en a pris. Bien qu'ayant rapidement retirée son texte, la femme a été condamnée au titre de la nouvelle loi, les policiers locaux n'ayant guère apprécié la critique. Ils ont dénoncé la photographe au titre de l'article 36.23 de la nouvelle loi. Selon le blog du Monde, Big Browser, cette dernière établit en effet une sanction contre «l'usage non autorisé d'images, de faits personnels ou professionnels concernant des autorités ou des membres des forces de sécurité, pouvant mettre en danger la sécurité personnelle ou familiale des agents, des installations protégées ou pouvant faire peser un risque sur une opération, tout ceci dans le respect fondamental du droit à l'information».

La photo de la voiture de police mal garée qui a provoqué la mise en oeuvre de la «loi baillon». (DR)

La sanction a été rapide et la fautive a reçu sa contravention de 800 euros à la maison. La police locale a justifié son geste, selon le journal local,  en affirmant que «les deux policiers répondaient à un signalement d'actes de vandalisme, et ils devaient réagir très vite pour pouvoir les appréhender en flagrant délit. C'est banal quand il s'agit d'une opération urgente que les policiers se garent où ils peuvent».

Au delà de l'anecdote, c'est la polémique sur la nouvelle loi espagnole, dite de «sécurité citoyenne» qui rejaillit à cette occasion. Les opposants à ce texte (qualifié de «Ley Mordaza», Loi baillon en espagnol) avaient noté qu'il pouvait menacer toute mise en cause de policiers sur les réseaux sociaux.

Ce texte, entré en vigueur le 1er juillet, loi vise à «faire taire les protestations sociales, limiter le droit à manifester et la liberté d’expression», selon Joaquim Bosch, cité par Le Monde, porte-parole de l’association Juges pour la démocratie. 

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