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Elections en Espagne : les trois enseignements du scrutin

La percée du mouvement antilibéral Podemos, en bonne position pour remporter Madrid et Barcelone, bouscule les partis traditionnels.

Article rédigé par franceinfo
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Les partisans de la coalition Ahora Madrid célèbrent leur score, le 24 mai 2015 à Madrid (Espagne). (CITIZENSIDE / CÉSAR DEZFULI / AFP)

C'est un séisme politique. Les Espagnols ont adressé dimanche 24 mai un sévère avertissement à l'establishment politique, en entrouvrant les portes de Barcelone et de Madrid aux "indignés". A l'issue de ces élections municipales et régionales, Podemos, le parti politique antilibéral né de ce mouvement en janvier 2014, confirme sa troisième place.

Francetv info revient sur les trois enseignements de ce scrutin, qui s'est déroulé dans 13 des 17 communautés autonomes espagnoles.

La percée des "indignés" à Madrid et Barcelone

Des "indignés" à la tête des deux grandes villes d'Espagne. Ce scénario inattendu est en passe de se réaliser. A Barcelone, la liste de la militante anti-expulsions Ada Colau, une alliance soutenue par Podemos, est arrivée en tête, devant celle du maire sortant Xavier Trias, un nationaliste conservateur. Elle a obtenu onze sièges, contre dix pour son rival.

Dimanche soir, devant des militants euphoriques, Ada Colau, 41 ans, en larmes, a affirmé que "l'espoir" avait gagné avec sa liste. "Le désir de changement a vaincu la campagne de la peur, de la résignation, et avec ça, c'est nous tous qui gagnons, surtout Barcelone", a-t-elle dit. Son élection n'est pas encore pliée puisqu'elle doit être investie par le conseil municipal et qu'une coalition de ses opposants peut encore la renverser. Selon Le Monde, le risque est faible puisque les autres partis devraient probablement s'abstenir.

A Madrid, la liste Ahora Madrid de Manuela Carmena, comprenant notamment Podemos, n'est arrivée que deuxième après celle du Parti populaire (20 conseillers contre 21 conseillers). Mais l'appui du Parti socialiste (neuf sièges) devrait permettre à cette ancienne juge de l'emporter.

La déroute de la droite

Sur l'ensemble du pays, la droite ne s'effondre pas, mais cède du terrain. Selon Le Monde, le Partido Popular (PP) réalise son pire score depuis 1991. Avant ces élections régionales, il contrôlait 10 des 13 régions appelées aux urnes dimanche, dont huit avec une majorité absolue.

Selon El Pais (en anglais), le PP pourrait conserver seulement trois communautés autonomes : Castille-et-Leon, La Rioja et Murcie. Il a perdu la majorité absolue en Cantabrie, en Castille-La Manche, dans la communauté valencienne, dans celle de Madrid, et reste sous la menace d'une coalition de gauche en Aragon, en Estrémadure et dans les Baléares. Dans les Canaries et en Navarre, le PP est loin derrière ses concurrents. Les socialistes du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) vont conserver la région des Asturies.

La fin du bipartisme

Le chiffre est impressionnant. Selon El Pais (en anglais)les deux grandes formations du bipartisme espagnol, le Parti populaire et le Parti socialiste ouvrier espagnol, ont perdu 3,3 millions de voix et 13 points depuis les dernières élections municipales et régionales de 2011.

"Ce printemps du changement est irréversible (...) les partis au pouvoir ont eu les pires résultats de leur histoire"

Pablo Iglesias, chef de Podemos

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